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Lire l’évangile de Marc comme un roman, de G. Van Oyen

Gisèle Vandercammen
Publié dans Bulletin PAVÉS n°34 (3/2013)

Quand j’ouvre l’évangile, j’ai déjà en tête tout un flot de connaissances, je peux citer de mémoire… mais quand il s’agit de parler aux enfants, que dire au sujet de Jésus ? Répondre aux questions ? Evidemment, mais encore !

La première grosse question portait sur Jésus en croix, l’enfant l’avait regardé longuement pendant une cérémonie de funérailles : « Mais qu’a-t-il bien fait pour qu’on le mette dans cet état ? »

Je me suis obligée de relire l’évangile selon Marc. « Commencement de l’Evangile de Jésus Christ Fils de Dieu »

Le narrateur est clair, on pourrait croire qu’il va continuer sur ce ton, mais pas du tout. Il va de questions en questions.

D’abord dans la synagogue de Capharnaüm, le démon « que nous veux-tu… je sais qui tu es » (1,21-28).

Pour toute réponse : « Tais-toi et sors… »  Jésus agit. Et la question rebondit dans l’assemblée.

Toujours à Capharnaüm, après l’incroyable aventure du paralysé hissé sur la terrasse et ensuite descendu sur le brancard par l’ouverture du plafond, les scribes présents se disent « Pourquoi cet homme parle-t-il ainsi …? » Et Jésus répond  par une première question  « Pourquoi tenez-vous ces raisonnements dans vos cœurs … ? » (2,1-12)

Il est une question à laquelle Jésus répond : « Quel est le premier de tous les commandements ? » (12,28-34)

Il y a deux commandements et pas d’autres plus grands. Et Marc remet la réponse dans la bouche du scribe qui ajoute : « cela vaut mieux que tous les holocaustes et sacrifices » dont il n’a pas été question, mais qui montre la préoccupation des bien-pensants. Jésus lui-même pose des questions et donne les réponses.

Relire l’évangile à la recherche des questionnements m’a  permis de comprendre que pour Marc le récit est  le lieu du lien qu’il propose de nouer avec celui en qui il croit. Ce lieu commence par une affirmation et se termine par « elles avaient peur » (16,8).

Vu la question de l’enfant, il faut bien partir du récit de la passion, particulièrement à partir de l’annonce de cette fin violente. Par trois fois Jésus l’annonce : 8,31-32 ; 9,31-32 ; 10,32-34 et s.

Lors de la troisième annonce, Jésus va de l’avant tandis que les disciples sont effrayés et pourtant le carriérisme de Jacques et Jean est le plus fort ! Jésus n’y va pas de main morte « Pouvez-vous boire la coupe que je vais boire, ou être baptisés du baptême dont je vais être baptisés… »  (Cette partie de réponse m’a décidée, il y a quarante ans, à ne pas faire baptiser mes enfants).

Jésus n’est pas mort pour le rachat mais il s’est choisi des compagnons pour une mission précise : soulager la misère humaine, à partir des siens, des plus petits de son peuple, de toute l’humanité. Sa mort est l’aboutissement de sa vie. A chacun de comprendre, de répondre, de devenir disciple ou de prendre la fuite.

Et comme cette mission n’est pas achevée, nous avons du pain sur la planche.

M’avez-vous suivi jusqu’ici ? Il y a bien d’autres parcours à faire dans l’évangile de Marc.

A partir des lieux, de Jérusalem vers la Galilée, sur les routes, dans les synagogues, les lieux déserts.

A partir du temps : le temps est accompli, comme un rappel de l’histoire du peuple,  les jours de Sabbat.

A partir des différents titres donnés à Jésus et du silence que Jésus impose, du secret à garder.

Marc est parcimonieux avec les titres ! Il commence bien par l’énoncé le plus clair et précis qu’il soit, ensuite  le nom « Dieu » est mis dans des citations de l’A.T. ou dans la bouche de Jésus parce que c’est Jésus qui en sait le plus sur Dieu, c’est Jésus qui annonce le royaume de Dieu. Du coup, je me sens mieux, moi qui n’arrive pas à dire « Dieu ».

Par la lecture du livre de Geert Van Oyen[1], j’ai redécouvert l’évangile. Ce livre est traduit du néerlandais, il a obtenu en Flandre le prix bisannuel du meilleur livre religieux.

Après neuf ans passés à l’Université d’Utrecht, G. Van Oyen enseigne le Nouveau Testament, depuis 2009 à la Faculté de théologie de l’Université catholique de Louvain.  


 

Gisèle Vandercammen (Communautés de Base)

Notes :

[1]  Geert Van Oyen, Lire l’évangile de Marc comme un roman, éditions Lessius, 2011, 175 pages.

 



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