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Le vicariat du Brabant wallon a 50 ans

Jalons pour une histoire ... et pour un avenir

Marie-Astrid Lombard
Publié dans Bulletin PAVÉS n°34 (3/2013)

Comment marquer les 50 ans de Vatican ii, nous demandions-nous ?  En relevant, par exemple, les initiatives que le concile a suscitées ou permises. N’est-ce pas le cas pour la création des vicariats dans l’ancien archidiocèse et le déploiement de la formation des laïcs ? Deux thèmes qu’ont présentés Marie-Astrid Collet-Lombard et Catherine Chevalier dans l’exposition « Hommes et femmes au service de l’Évangile – Vicariat du Brabant wallon 1962-2012 »[1] dont la première localisation fut à Jodoigne, en septembre 2012 (J.-M.C.)


 

[1]  Une brochure de 12 pages présente les volets de l’exposition. Contact sur www.chirel-bw.be

 

Un précurseur… Henri Lemercier

Regroupées dès 1802 dans l’archidiocèse de Malines, les paroisses de l’arrondissement de Nivelles connaissent déjà une « révolution » en 1941, quand l’abbé Henri Lemercier[1] est nommé directeur des Œuvres sociales ouvrières de cet arrondissement. Profitant de la mouvance nouvelle qui étudie la religion comme un phénomène social, ce prêtre bruxellois entreprend des enquêtes pour mieux connaître la population qui y vit et analyser les attentes et besoins.

Partant du constat que « la vie paroissiale s’articulait exclusivement autour de la paroisse et que chaque paroisse vivait en vase clos, ignorant ce que faisait la voisine », il préconise une « technique missionnaire » à utiliser par des équipes inter-paroissiales et destinée à toucher la masse populaire. Il favorise les contacts amicaux entre prêtres et propose, dès 1942, de réunir les dix doyens, non plus à Malines une fois l’an, mais au petit séminaire de Basse-Wavre. 

Soucieux notamment de «l’activité terrestre de l’Église », il réalise en 1943 un panorama des organisations sociales et dresse un constat sévère tout en proposant par exemple la création d’un « Secrétariat Régional ». Deux journées annuelles sont proposées aux prêtres du Brabant wallon en 1944 et, la même année, un nouveau secrétariat des œuvres sociales s’installe à Nivelles, à la rue Sainte-Anne, c’est le Secrétariat populaire du Brabant wallon. En 1949, Henri Lemercier sera aussi à l’initiative d’une première assemblée régionale où se discutent aisément diverses thématiques vécues en Brabant wallon. 

Dès 1947, ce « précurseur » lance l’Entr’aide du Brabant Wallon, un bulletin mensuel destiné à l’origine au clergé. En 1960, le format et le titre changent pour devenir L’Entraide du Brabant Wallon. Bulletin mensuel de liaison des chrétiens du Brabant Wallon.

Suite à la guerre scolaire et à la nécessité de former des laïcs, des centres de catéchèse à destination des paroisses et des écoles se créent à Tubize, Braine-l’Alleud, Jodoigne, dès la fin des années ’50.

 

Un cardinal qui souhaite « décentraliser » 

Un premier vicaire général qui applique le Concile Vatican II

 

Après avoir divisé le nouveau diocèse de Malines-Bruxelles en 4 vicariats territoriaux, c’est le 14 avril 1962 que le cardinal Suenens confie à l’abbé Charles Lagasse le vicariat général du Brabant wallon. Bruxellois d’origine, licencié en sciences politiques et sociales et en journalisme, il est alors curé de la nouvelle paroisse du Christ Ressuscité à Tubize. L’abbé Lemercier est alors nommé directeur diocésain du catéchuménat des adultes et responsable de la pastorale familiale du Brabant wallon. Il pour-suivra la publication du bulletin dénommé Communauté chrétienne du Brabant wallon, mensuel qui deviendra Printemps en 1972.

Le premier vicaire général connaissant bien le nord-ouest du Brabant wallon s’adjoint la collaboration de deux prêtres : l’abbé Maurice Scheuer pour le centre et l’abbé Léon Bataille pour l’est[2]. C’est à Waterloo que Mgr Lagasse installe ses bureaux. Les doyennés (passant de 10 à 14), leurs titulaires et les structures de coresponsabilité sont les priorités, ce qui n’empêche pas le vicaire général d’accompagner le cardinal pour le Concile à Rome, notamment à la 3e session durant laquelle Lumen Gentium a été voté et Gaudium et Spes préparé. Des équipes paroissiales, un conseil presbytéral, un conseil de laïcs et un autre pour les religieux et religieuses  – structures souhaitées par le Concile – se mettent en place, parfois avec difficultés. Un conseil pastoral est constitué dès 1968-1969. Des journées ou sessions de formation sont organisées d’abord pour les prêtres, mais très vite aussi pour les laïcs : les conférences ou sessions du Berlaimont, Mariakerke… La pastorale d’ensemble initiée par Henri Lemercier se développe… mais, pour certains doyens, les réflexions vont trop loin : ainsi « la probabilité de paroisses sans prêtres est évoquée, de même que l’animation et l’organisation spirituelles de ces communautés envisagées par ‘secteurs paroissiaux’ qui regroupent plusieurs paroisses. Le secteur est animé par une équipe de quelques prêtres, mais la responsabilité de l’institution paroissiale est confiée à des laïcs. C’est à eux qu’il appartient d’organiser, de choisir, de décider. Dans une telle perspective, le prêtre trouve un rôle plus prophétique. Il est davantage un conseiller, un apôtre. »

Mars 1970. En pleine session, le vicaire général est appelé par le cardinal Suenens : son mandat au service du Brabant wallon est terminé et il reçoit une autre mission, aux États-Unis, pour y fonder le Centre de prospective chrétienne dont il devient le conseiller permanent. Interdiction formelle de parler avec son successeur en Brabant wallon ! Le 6 avril 1970, dans une interview à La Libre Belgique intitulée L’Église du Brabant wallon vit demain… aujourd’hui, il déclare : « Je crois que l’Église du Brabant wallon a foi dans l’avenir. Ceux qui ont pu collaborer de près à la mission pastorale reconnaissent que l’avenir est riche de possibilités. »

 

Le vent des réformes

 

À sa suite, c’est un wavrien, l’abbé Henry De Raedt, fondateur des Fraternités de Bourgogne, que le cardinal appelle à la fonction, moyennant encore l’interdiction de parler avec son prédécesseur ! Les abbés Henri Weber et André Charlier, puis André De Staercke, forment son équipe d’adjoints. Le Vicariat déménage de Waterloo à Wavre. « Son souci d’innover et de préparer une Église avec moins de prêtres et plus d’engagement coresponsable de laïcs »[3] est porté par les équipes qui l’entourent. En 1972, une nouvelle structure, le conseil vicarial, voit le jour. Voici une série de questions qui y sont à l’ordre du jour, également à celui du conseil presbytéral : l’Église et les ministères de demain ; l’ordination sacerdotale des hommes mariés ; le désengagement de certains prêtres ;  la réintégration des prêtres mariés ; le souhait d’obtenir la nomination d’un évêque auxiliaire résidant en Brabant wallon ; vers une autonomie financière du vicariat afin que ce ne soient pas les chrétiens flamands qui comblent le déficit ; la valorisation des communautés de base ; l’élargissement de la délégation féminine, ouvrière, jeune dans le conseil vicarial… Des laïcs deviennent animateurs pastoraux : Gregorio Ferreras et Jeanne-Marie Oleffe au sein du Sycomore[4] dès 1976 ; Chantal Lefèvre à la paroisse de Noucelles (Wauthier-Braine) en 1979 ; Marie-Jeanne Matagne, au sein de la pastorale de la santé dès 1981.

Le 18 février 1982, le cardinal Godfried Danneels ordonne comme premier évêque auxiliaire l’abbé Rémy Vancottem, un tubizien, alors membre de la direction du séminaire diocésain et responsable des groupes Anime pour le Brabant wallon. Depuis le 22 février 2011, le chanoine Jean-Luc Hudsyn, bruxellois déjà engagé dans la formation et les équipes Anime, et qui a remplacé Henri Weber comme adjoint de l’évêque en 1988, est désigné pour devenir évêque auxiliaire du Brabant wallon.  Assisté de son adjoint, le chanoine Eric Mattheeuws, et des membres des divers conseils, il rouvre de nombreux chantiers vitaux pour l’avenir de l’Évangile en Brabant wallon.

*

PS. Pour celles et ceux qui souhaiteraient profiter des recherches menées en Brabant wallon pour ensuite entamer un échange sur l’avenir de l’Évangile et des communautés chrétiennes, les panneaux de l’exposition, installée à la chapelle Notre-Dame du Marché en septembre 2012, sont disponibles. De même qu’une brochure de 12 pages issue de cette exposition.

S’adresser au CHIREL BW : 010 23 52 79 –  chirel@bw.catho.be


 

 

Marie-Astrid Lombard (Hors-les-murs)

Notes :

 

[1]  A. TIHON, Un précurseur du Vicariat du Brabant wallon : Henri Lemercier (1941-1963), dans la Revue d’histoire religieuse du Brabant wallon, t. 17, 2003, fasc. 4, p. 167-187.

[2]  O. HENRIVAUX et M.-A. COLLET-LOMBARD, Interview de Mgr Charles Lagasse, 1er vicaire général du Brabant wallon, et de ses deux adjoints, les chanoines L. Bataille et M. Scheuer, dans la Revue d’histoire du Brabant wallon. Religion, patrimoine, société, t. 26, 2012, fasc. 3, p. 127-158.

[3]  Extrait de l’homélie prononcée par Henri Weber, lors des funérailles d’H. De Raedt, en 1987.

[4]  M.-A. COLLET-LOMBARD, 25 ans d’images au service de l’Evangile : Le Sycomore, un arbre qui donne du fruit, dans la Revue d’histoire religieuse du Brabant wallon, t. 15, 2001, fasc. 4, p. 239-255.

 



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