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Le vicariat du Brabant wallon a 50 ans - 2

Ça marcherait, la formation des laïcs ?

Jean-Marie Culot
Publié dans Bulletin PAVÉS n°34 (3/2013)

Comment marquer les 50 ans de Vatican ii, nous demandions-nous ?  En relevant, par exemple, les initiatives que le concile a suscitées ou permi-ses. La coïncidence des dates nous permet d’évoquer ici la création des vicariats dans l’ancien archidiocèse et le déploiement de la formation des laïcs. Deux thèmes qu’ont présentés Marie-Astrid Collet-Lombard et Catherine Chevalier dans l’exposition « Hommes et femmes au service de l’Évangile - Vicariat du Brabant wallon 1962-2012 » dont la première localisation fut à Jodoigne, en septembre 2012 (J.-M.C.)

De jeunes parents se demandent s’ils ne se retrouveraient pas, ensemble, le temps de quelques soirées, à l’occasion du baptême de leurs bébés. Ce couple qui débarque dans la retraite se décide, par intérêt personnel, à se joindre aux formations des animateurs pastoraux. Ces fiancés clôturent un bien sympathique souper aux chandelles et vont réfléchir à la proposition : de s’inscrire à un cycle de soirées où ils partageraient, à quelques-uns, leurs conceptions et les questions sur leur avenir ? Deux étudiants veulent approfondir ce que signifient, pour eux personnellement, ces vieux récits et leur exégèse. Et d’autres, d’autres encore... Dix, vingt profils différents, autant de questionnements sur la vie comme elle va, sur la foi chrétienne qui la traverse ou pas, qui l’éclaire ou pas.

Catherine Chevallier n’aura pas assez d’une heure pour nous présenter l’offre de formation chrétienne proposée aux laïcs du Brabant wallon : nous en anorak, elle en pull costaud, au cœur du méchant hiver 2013, dans les locaux du Vicariat qui, bien que rafraîchis, nous ramènent brusquement au xixe, planchers craquants et ogives néogothiques et – croirions-nous aux fantômes ? – amidons, cornettes et componction. Mais l’accueil est chaleureux, l’allure xxie, l’exposé limpide, le débit rapide emmené par la conviction et, derrière les fines lunettes, l’œil vif, le regard lumineux s’assurant de la compréhension. Catherine Chevalier  maîtrise son sujet, aime communiquer et s’y entend[1]. Et insiste, souligne-t-elle, auprès de ses animateurs de sessions : le savoir, bien entendu mais, décisives, la pédagogie et l’attention à l’auditoire. Une première soirée, mal menée, pourrit toute une session.

Comme toujours, l’histoire éclaire. Une impulsion vient notamment de Brigitte Rigo, Rémy Vancottem et Marc Luyckx, préoccupés de la formation des catéchistes – vers 1975, les vagues de Vatican ii battent toujours les rives. La foi chrétienne fut transmise en savoir abstrait, c’était l’erreur, il s’agit de vivre. Et de la vie, la foi est un ferment, un soutien. Consultations jusqu’en France, contacts, échanges. Bientôt les formations s’adressent à des publics plus diversifiés – le cadre de cet article ne nous permet pas d’en présenter la gamme[2]. Bientôt aussi on dût reconnaître que l’on chargeait trop les barques : trop de matière, de soirées, de week-ends, trop. Ainsi, en près de cinquante ans, à chaque pas, est reposée la même question : qu’y a-t-il d’utile et de souhaité par telle personne, telle catégorie, tel âge ? Par exemple, sur les quatre ans prévus pour les animateurs pastoraux, toute la première année pose et reprend la même question : que souhaitez-vous faire ? Sans cesse il importe de se demander : quelles questions se posent un adolescent, un fiancé et sa binamée, un candidat au baptême, ces parents de petits baptisés, ces curieux de Bible, ces participants à telle conférence, ce ‘païen’ curieux ? La même question, fondamentale : qu’est-ce qu’être croyant ? Et liée : quelle est votre expérience personnelle ? Déjà on sait que ce n’est pas un savoir ! Mais alors...

Et si, Catherine Chevalier, vous souhaitiez formuler vos satisfactions et inquiétudes personnelles concernant les services proposés ? Un regret et un défi : les participants restent en majorité âgés ! Un thème qui vous tient particulièrement à cœur ? Telle session de Vatican ii qui a radicalement reconsidéré la position du croyant dans le monde contemporain. Un souhait ? Rencontrer d’autres chrétiens avec qui réfléchir, puis avancer dans l’élaboration d’une liturgie à la fois attentive au mystère célébré et expressive de notre vie ; suscitée par le concile, la réforme de la liturgie a emprunté bien des chemins mais peut et doit encore porter des fruits. Former des laïcs, sans doute. Mais aider à vivre et à célébrer !

Notre survol n’aura pas permis de creuser bien des thèmes accrochés au sujet, ni notre modeste papier de rendre justice à toute la substance de l’interview. Quelle parenté avec les démarches des communautés de base qui partagent l’expérience et célèbrent ? Le défi a évolué : le message chrétien ne doit plus seulement, comme on le pensait, être ‘adapté’, mais redevenir ‘crédible’ ; comment les animateurs se sentent-ils confrontés à cette exigence ?  Les publics sont-ils traversés par le clivage tradi/ progressiste ? Les responsables au vicariat disposent-ils d’une confiance et d’une liberté suffisante dans le choix des animateurs ? Ces derniers vivent-ils une tension entre ‘être responsable de sa foi’ et ‘ se conformer à la doctrine’ ? Comment se dessine l’avenir de ce service pastoral ? Les questions restent ouvertes mais nous sortons de notre entretien avec Catherine Chevalier non seulement enchantés de son accueil et intéressés par son exposé, mais heureusement surpris par le fonctionnement du service : les demandes de formations, les réponses à plusieurs formules proposées. Ça marche ! Pas mal ! Pour prendre un exemple, exceptionnel sans doute mais tout de même significatif : on sollicite des animateurs pour tel type de sessions, quatre-vingt se présentent et, après concertation, cinquante tout de même poursuivent !

 

Jean-Marie Culot (Hors-les-murs)

Notes :
[1]  Catherine Chevalier a présenté en juin 2012 sa thèse pour l’obtention du Doctorat en théologie à l’Institut Catholique de Paris et à la Faculté de théologie de Louvain-la-Neuve : Enjeux théologiques des parcours de formation de laïcs à la responsabilité ecclésiale ; analyse des parcours proposés par la formation des responsables de l’École Cathédrale (Paris) et l’Institut de théologie de l’Université Catholique de l’Ouest (Angers). Extraits : « ... donner pour finalité première à la formation la configuration intérieure des sujets. » Seraient en cause, non pas d’abord des questions de pouvoir (tensions entre doctrine et expérience, institution et individu), mais des enjeux d’identité (relation entre repères théologiques et formation de la liberté intérieure).
[2]  Le dépliant Annoncer et grandir dans la foi est disponible, de même qu’un schéma chronologique des initiatives, est accessible via le lien suivant : https://www.dropbox.com/sh/5888xnrgv0ahh9q/DPlLdtBd5D   Parmi les formules proposées : . Les parcours Alpha (pour jeunes et couples) : en dix soirées, repas, enseignement, partage. . Recommencements : en groupes de 5 à 8 personnes, revisiter la foi en relation avec son expérience. . Ouvrir les fenêtres avec Vatican ii : un cycle de quatre soirées, conférences et partage. . Lire la Bible : en 9 à 15 rencontres, lecture accompa-gnée d’un livre biblique. . Semaines de prière accompagnée : durant 5 jours, se réserver un temps de prière. . Missions paroissiales : une semaine de temps fort en paroisse, formations et redécouverte des sacrements.

 


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