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70e anniversaire de la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme

Ombres et lumières de cette déclaration

Gabriel Nissim
Cet article n'a pas été publié dans une de nos revues

Lors d’un rassemblement régional de l’Action des Chrétiens pour l’Abolition de la Torture (ACAT), Gabriel NISSIM, ancien président de l'ACAT et ancien président de la Commission Droits de l'Homme de la Conférence des Organisations internationales non gouvernementales jouissant ainsi du statut participatif auprès du Conseil de l'Europe a fait une intervention qui est résumée sur cette page.


L’adoption de la Déclaration universelle des droits de l’homme c’est la réaction de la conscience universelle à deux guerres mondiales et au drame de la shoah pendant la seconde guerre mondiale. Il ne faut jamais perdre de vue ce dont l’humanité est capable, en mal mais aussi en indignation contre le mal. Les droits de l’homme sont un combat qui est toujours à poursuivre. Cela n’est jamais quelque chose d’acquis, afin que chaque être humain soit reconnu, aujourd’hui et demain dans sa dignité fondamentale. 70 ans, fêter cet anniversaire, cela vaut la peine, mais pas en disant bravo mais en remarquant que si nous ne sommes plus dans la situation de 1948, il y a aujourd’hui des drames tout aussi importants et il y a des droits de l’homme qui sont à défendre et à promouvoir.

70 ans plus tard, y compris en France, des femmes, des enfants, des hommes ne jouissent pas pleinement de leurs droits. En France 8 600 000 personnes vivent sous le seuil de pauvreté, plus de 4 millions sont mal logées. Environ 80 % des enfants vivant en bidonville ou en squats ne sont pas scolarisés. Plus de 100 000 personnes sont victimes d’esclavage moderne. Et environ 80 % des femmes handicapées sont victimes de violence. En même temps des milliers de défenseurs des droits de l’homme font l’objet de menaces ou sont assassinées à travers le monde. Et 70 ans après l’universalité, l’interdépendance et l’indivisibilité des droits et des valeurs qui les sous-tendent sont remises en cause par de nombreux états ou courants de pensée, qui veulent en réduire la place et même proposent des contre modèles.

Nouveaux défis pour les droits de l’homme aujourd’hui

Mais malgré tout le travail des militants des droits de l’homme, un élément nouveau et radicalement différent intervient aujourd’hui : on a peur de la mondialisation. C’est la peur des autres qui viennent habiter chez nous et qui ne sont pas des nôtres. Avec internet les frontières disparaissent. C’est une évolution que personne ne maitrise. Il y a un phénomène de migrations qu’on ne peut pas empêcher. Deux façons de voir le monde. Ceux qui s’adaptent à la mondialisation et sont à l’aise avec le libéralisme actuel. Et à l’opposé il y a des personnes qui voudraient voir tous les migrants sur une ile. C’est ce qui se passe en Australie où il y a des milliers de personnes qui sont parquées sans aucun espoir. Dans nos villages, où il n’y a quasiment pas d’étrangers, moins il y en a et plus on a peur d’eux. La crise migratoire fait apparaitre la loyauté nationale, les appartenances religieuses et culturelles, surtout dans les classes les plus défavorisées. D’où la montée des populismes et de la xénophobie. Il y a un sentiment très fort d’une angoisse. Ce qui fait peur, c’est la différence fantasmée. Tant qu’on n’a pas rencontré l’autre différent, on pense qu’il est tellement différent qu’il n’est pas possible de vivre avec lui. L’autre, on voit d’abord la différence, à nous de reconnaitre la ressemblance. On remet en cause les droits de l’homme comme tels, en particulier leur universalité, parce qu’on a besoin d’affirmer son identité. On met en avant la primauté de la différence et de l’appartenance, le refus de croire en l’humanité fondamentale de l’autre. Quelle solidarité, quelle fraternité avec l’ensemble de l’humanité ? On oublie souvent la deuxième partie de l’article 1 : ils sont doués de raison et de conscience et doivent agir les uns envers les autres dans un esprit de fraternité. 70 ans après la Déclaration des Droits de l’Homme, nous sommes encore très loin d’être conscients de cette fraternité universelle. C’est le défi majeur pour les droits de l’homme, mais ceci ne signifie pas qu’on n’a pas besoin de frontières et qu’on peut faire fi de notre histoire, de nos cultures et de nos religions. Il faut apprendre à vivre la différence et la ressemblance. Non pas nier les différences mais comment vivre avec.


Gabriel Nissim

Notes :
D’après des notes prises par Georges Heichelbech
Source : Infolettre de la revue Parvis n° 90, janvier-février 2019


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