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Hommage à Joseph Moingt

Philippe Liesse
Publié dans Bulletin PAVÉS n°64 (9/2020)

Joseph Moingt nous a quittés le 28 juillet 2020. Il avait 104 ans. Face à son apport théologique et au retentissement qu’il a eu sur bon nombre de chrétiens, on peut dire qu’il est toujours resté d’une jeunesse et d’une vivacité d’esprit extraordinaires.

Toute sa réflexion théologique s’est concentrée sur l’intelligence de la foi chrétienne, comme professeur à l’Institut catholique de Paris et au Centre Sèvres. Il a aussi dirigé la revue Recherches de sciences religieuses, et il laisse au monde chrétien un large ensemble de publications[1] essentielles :

Le devenir chrétien (DDB 1973)

La transmission de la foi (Fayard 1976),

L’Homme qui venait de Dieu (Cerf 1993)

Les trois visiteurs (DDB 1999)

Dieu qui vient à l’homme. T 1, Du deuil au dévoilement de Dieu (Cerf 2002), T 2 De l’apparition à la naissance de Dieu (2 volumes. Cerf 2005 et 2006)

Faire bouger l’Église catholique : pour un humanisme évangélique (DDB 2012)

L’Évangile sauvera l’Église (Salvator 2013)

Croire quand même (Flammarion 2013)

L’Évangile de la résurrection : méditations spirituelles (Bayard 2014)

Croire au Dieu qui vient. T1, De la croyance à la foi critique (Gallimard 2014), Croire au Dieu qui vient. T2, Esprit, Église et monde : de la foi critique à la foi qui agit (Gallimard 2016)

L’esprit du christianisme : religion, révélation et salut (Temps Présent 2018).

Tout son cheminement est marqué par une conviction profonde, celle de ne pas éviter les obstacles auxquels l’intelligence doit faire face en recourant à l’irrationnel ou en se drapant dans une idéologie frelatée du mystère. Autrement dit, il fait appel au sérieux de la raison humaine. Cet appel se veut un témoignage au Dieu de Jésus-Christ qui n’a jamais cherché à diminuer l’homme car Dieu créa l’homme à son image, à l’image de Dieu il le créa, homme et femme il les créa1.[2]

Cette idée est particulièrement réaffirmée dans son dernier livre L’esprit du christianisme, qu’il nous a livré quand il avait 103 ans, comme on peut livrer un testament au soir de sa vie, pour redire avec force le sens du projet qui l’a toujours habité : « Redonner un avenir à la foi chrétienne en la faisant passer de la croyance à une attitude adulte ».

Joseph Moingt s’est toujours voulu un homme en recherche, faisant sienne cette maxime : La vérité n’est pas à défendre, mais à chercher ! Pour la mettre en pratique, il a développé une foi critique dont le but est de repenser le dogme chrétien. Ce dernier, il le passe à la moulinette, car il veut revisiter un message qu’il estime tout à fait aliéné dans sa forme pour le monde d’aujourd’hui. Il veut formuler le message dans un langage qui permette de trouver du sens à ce que nous vivons, il veut rendre son visage humain à Jésus, il veut que la Bonne Nouvelle puisse retentir au creux de notre humanité, non comme un pieux souvenir mais comme une promesse de vie abondante.

Joseph Moingt nous laissera bien plus qu’un pieux souvenir, il nous confortera dans l’urgence de dire un Autre Visage d’Église et de Société.


Philippe Liesse

Notes :

[1]  On trouvera une bibliographie plus complète sur le site des Jésuites d’Europe Occidentale Francophone : https://www.jesuites.com/deces-du-p-joseph-moingt-sj/ à la suite du bel hommage que lui rend son confrère Christoph THEOBALD. Voir aussi l’entretien qu’il avait accordé à la revue Études à l’occasion de ses 100 ans : https://www.jesuites.com/wp-content/uploads/2020/07/joseph-moingt-le-metier-de-theologien.pdf (NDLR)

[2] 1 Genèse 1, 17




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