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La CÉMO de Heigne-en-Chapois

Michel Jehaes
Publié dans CEM n°126 (3/2020)


Histoire

En 1976, dans un projet visionnaire quant au devenir de l’Église et à la place des laïcs, l’abbé Michel d’Oultremont, chapelain de Heigne, imagine de petites communautés autogérées, où la participation est égalitaire, centrées sur les célébrations dominicales. Prévoyant l’absence de prêtres et conscient que c’est la communauté entière qui célèbre, il remet à la communauté l’animation des célébrations. Ces communautés animeraient aussi la vie du quartier (ouvrier à Jumet) en participant à la catéchèse : préparation aux baptêmes, premières communions et professions de foi des enfants du quartier. La communauté de Jumet-Heigne voit ainsi le jour. Rattachée au réseau CÉMOs[1] en 1978, elle se donne une charte en 2000, survit à son fondateur et s’ouvre au fil des années à des chrétiens d’origines diverses, certains venant de plus loin. En 2008, suite à un conflit avec le doyen de Jumet à propos des célébrations, la communauté doit quitter Heigne et se voit accueillie au Collège Saint-Michel de Gosselies dans une classe convertie en chapelle. La communauté prend le nom de Heigne en Chapois ; elle y gagne en autonomie mais perd le lien avec le quartier et l’Église locale.

La communauté

Elle se compose actuellement d’environ 40 membres dont plus ou moins 25 se retrouvent tous les dimanches et peut monter à 50 lors des fêtes de Noël et de Pâques. C’est un lieu de célébration, de partage du vécu, de rencontre, d’entraide, à l’écoute de chacun qui peut y prendre la parole. C’est un lieu de ressourcement, de conscientisation, de réflexion sur les liens entre vie personnelle et vie sociale à la lumière de l’Évangile. Il n’y a pas d’engagement social communautaire, mais un soutien des engagements individuels. La communauté est en lien avec l’Église par le réseau CEMO et la participation active aux Campagnes d’Avent et de Carême proposées par Entraide et Fraternité ou Vivre Ensemble. Elle fonctionne selon le principe de l’autogestion. Elle élit pour trois ans un « groupe porteur » composé de trois laïcs et un prêtre qui se réunit tous les trois mois. Celui-ci est le lieu d’évaluation et élaboration de projets ou d’initiatives proposées à l’accord de la communauté.

Les activités

La célébration du dimanche à 10h est en fait l’activité principale. C’est toute la communauté qui célèbre l’Eucharistie. L’animation est tournante et volontaire, empreinte de la personnalité de celui qui prépare : laboratoire liturgique autour d’un cadre minimum et avec l’aide de « classeurs », mémoire des célébrations toujours actualisée. L’homélie est remplacée par un partage à propos des lectures : parfois partage de compétences par rapport aux Ecritures, toujours partage du vécu personnel et des engagements sociaux en écho aux textes du jour.

Des rencontres avec un témoin extérieur sont proposées à la communauté au domicile de l’un(e) ou l’autre membre, et cela depuis le printemps 2019. Ces rencontres ont lieu le samedi matin et sont presque mensuelles. Elles sont l’occasion d’inviter d’autres personnes sensibles à la vie et aux valeurs de la CEMO. L’intervenant est invité à exprimer ce que le message évangélique représente ou ne représente pas dans son action au sein de ses communautés de vie. Un échange suit chaque fois le témoignage engagé de la personne ressource. Une ouverture chaleureuse qui fait du bien !

L’apéritif du premier dimanche du mois est proposé après la célébration dominicale. Une occasion de plus pour tisser des liens plus personnels entre les membres qui le souhaitent.

Le repas annuel festif (style auberge espagnole) réunit au bon temps bon nombre de personnes de la communauté. Le partage de quelques douceurs après les célébrations de Noël et de Pâques permet de faire connaissance avec des personnes dont la venue reste occasionnelle.

Le bilan actuel

Les participants prennent doucement de l’âge, mais on accueille encore de nouveaux arrivants. Le nombre restreint des animateurs de célébration (certains n’y participent pas) peut constituer une charge supplémentaire. Toutefois, chacun apprécie la richesse des partages, le respect mutuel, la liberté de parole, le désir de célébrer Jésus Christ avec des mots et des gestes qui font sens aujourd’hui. Ainsi s’explique sans doute la grande fidélité aux célébrations dominicales.

Le devenir

Aujourd’hui, le Collège Saint-Michel a aménagé en son sein un nouvel espace de spiritualité, l’oratorium. L’accueil, le souffle et l’ouverture sont les thèmes retenus pour la réalisation du vitrail de Bernard Tirtiaux et Cécile Grévisse, qui donne le ton dès l’entrée. L’endroit est appelé à être un lieu de célébration pour plusieurs rites, un lieu de prière, de recueillement, de silence, de parole, d’échanges, de réflexion et d’écoute. Nous sommes appelés à l’habiter au même titre que d’autres religions et d’autres convictions. Puisse cette belle initiative nous encourager à poursuivre notre recherche sur des chemins nouveaux.

Le groupe porteur : Stany DembouR, J.-P. Dardenne, M. Jehaes, Th. Soupart


Michel Jehaes (Communautés de Base)

Notes :
[1]  CÉMOs : Communautés d’Église du Monde Ouvrier du diocèse de Tournai.


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