À Dieu à Thierry Tilquin
Joseph Pirson
Publié dans Bulletin PAVÉS n°65 (12/2020)
Le vendredi 23 octobre dernier, notre ami Thierry Tilquin est décédé à l’âge de 63 ans. Les membres de HLM ont eu l’occasion de rencontrer Thierry lors d’une de nos assemblées annuelles au Bois-des-Rêves à Ottignies. Il y mettait en évidence la place des convictions dans une société plurielle, quand aucun groupe n’ambitionne d’occuper le centre et accepte de se laisser questionner par d’autres.
Né en 1957, Thierry est resté lié à son village de Pesche près de Couvin. Cela ne l’a pas empêché de franchir les frontières et de marquer son engagement au côté de femmes et d’hommes de différents continents. Après ses humanités à Floreffe et deux années de candidature en philosophie à l’Université de Namur, il preste deux ans de service civil en coopération au Rwanda. Il entre en théologie au Grand Séminaire de Namur et s’engage dans la JEC. Ordonné prêtre en 1983, il devient formateur au séminaire de Namur et au Sénevé, après une licence en théologie et l’année préparatoire au doctorat à l’UCL. Il est également aumônier régional de la JEC. Il se rend régulièrement en Israël et en Palestine où il noue de solides amitiés, en particulier avec des chrétiens arabes.
En 1991, lorsque l’évêque Léonard licencie toute l’équipe du séminaire et du Sénevé, Thierry devient formateur au Centre de Formation Cardijn (CEFOC). Il en deviendra le directeur. Après la reprise de la direction du CEFOC par Véronique Herman en 2017, il reste membre de l’équipe permanente et assure différentes formations dans des pays d’Afrique ou aux Philippines. Il montre là encore son ouverture, un souci des démarches d’éducation populaire, sans imposer son savoir : son intelligence fine l’amenait à questionner, à écouter, sans se contenter de réponses rapides ou d’enfermement dans des dogmes. Thierry était membre de l’équipe de l’Appel et proposait un regard évangélique sur les questions d’actualité et de société, avec un souci de rigueur, tendresse et respect d’autrui, souligné par le directeur de l’Appel, Frédéric Antoine. C’est ce même souci qui le guidait dans la présence au sein de l’équipe d’animation de l’équipe de Sainte-Marguerite à Bouge, avec tout un groupe de femmes et d’hommes, d’adultes. Des adolescents et de jeunes foyers retrouvaient avec lui une démarche d’Église à leurs côtés, attentive à leurs questions, sans prêchi-prêcha !
Jean-Claude Brau, ancien directeur du CEFOC qui présidait la célébration le 27 octobre dans l’église de Pesche a noté que personne au niveau de la famille, des représentants du Cefoc, de la revue L’Appel et du Centre Lumen Vitae – n’avait cherché à se mettre au centre : « le but commun était d’évoquer au mieux ce que Thierry avait signifié pour beaucoup, à travers des chants, des symboles et des paroles : les nôtres comme celles de la tradition chrétienne. Il était important qu’une large diversité de groupes et associations aient la parole – une quinzaine – et acceptent de ne pas être longues. Sur suggestion de la famille, ces prises de parole, mises par écrit, ont été suspendues à l’olivier qui avait été placé près de l’autel, comme symbole des solidarités palestiniennes de Thierry et en rappel de tout ce que signifient cet arbre et son fruit ». Nous pouvons terminer sur cet extrait de la première lecture par Véronique Herman, choisie à partir d’un texte de Maurice Bellet : « Qu’est-ce qui nous reste quand il ne reste rien ? C’est que nous soyons humains envers les humains, qu’entre nous demeure ‘l’entre nous’ qui nous fait hommes. » Merci Thierry !
Joseph Pirson
