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Hommage à Jean-François Grégoire

Martin Buysse
Publié dans Bulletin PAVÉS n°65 (12/2020)


Jean-François Grégoire nous a quittés le 15 novembre à l’âge de 67 ans suite à une chute à son domicile de Waterloo. Prêtre en paroisse dans le Brabant wallon, professeur de théologie et de sciences religieuses, marcheur infatigable, lecteur boulimique, il enrichissait ses homélies et ses écrits de références poétiques ou littéraires qui donnaient une dimension inattendue à l’évangile…

« Cœur et esprit toujours grands ouverts, il vivait comme aumônier l’Évangile au cœur des prisons, incarnant l’amour de Dieu pour les plus petits, les plus exclus, les plus oubliés de notre société.

Tout-amour et non tout-puissant, c’est de ce Dieu-là que rayonnait Jean-François, lui qui n’aimait ni le mot "péché" – il disait "manque d’amour" – ni le mot "sacrifice". Dieu-humour aussi, certainement, car il aimait rire et sourire – de lui-même d’abord. » C’est toute son amitié et sa poésie que nous retrouvons dans l’hommage que lui rend un de ses amis. (Pierre Collet)

Les mains derrière le dos

Le monde sera différent sans toi. Ce n’est pas grave. Le monde s’en sortira. Mais c’est quand même quelque chose. Pour tant d’hommes et de femmes, de frères et sœurs comme tu nous appelais quand tu prenais la parole derrière l’autel, drapé dans ton aube blanche, avec ta chevelure devenue blanche, ta barbe aussi, cette barbe sans laquelle nous ne parvenons pas à t’imaginer – ainsi de ta disparition si difficile à concevoir –, ton œil vif et bleu, ta courbure, ta poignée de main, tes grimaces et tes clowneries après l’office. Est-ce un frère que nous avons perdu ? Père, frère, ami, compagnon, confident, c’est toi qui nous perds avec tes rôles, tes sermons compliqués, tu nous guides mais tu brouilles les pistes et nous t’avons perdu et nous voilà perdus – comme qui se laisse guider et se retrouve seul. Vieux frère. Ainsi t’adressais-tu à tes amis, ni vieux ni frères.

Nous sommes des centaines ou des milliers. Des centaines ou des milliers choqués par une table et une volée d’escaliers raide comme la mort. Les mains derrière le dos Jean-François, tu n’es pas encore en cendres, que la lourde pierre a pourtant roulé, et ton ombre si lumineuse se répand parmi nous. Communauté d’orphelins – commun communauté communion. N’était-ce pas ton art ? Militant, n’était-ce pas ta science, ta vie ? Celle des autres que tu partageais. Les hommes, les femmes. Des centaines ou des milliers comme des églises à claire-voie, des prisons entrebâillées, des livres ouverts, des sentiers arpentés. À suivre ta parole par les failles, toi qui célébrais, écoutais, lisais et marchais. Les mains derrière le dos Jean-François. Tu nous as quittés grand fil de fer nerveux, chenu, humble et beau, qui ne plies pas mais qui casses et tombes, humain, aux pieds de celui, de celles et ceux, que tu as servis toute ta vie.

18 novembre 2020


Martin Buysse


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