Témoignage en réponse au ‘cri d'alarme'
Gerda Compère-Hilgers
Publié dans Bulletin PAVÉS n°72 (9/2022)
Témoignage en réponse au ‘cri d'alarme’[1]
Comme le groupe de chrétiens accompagné par Bruno Delavie jusqu’à sa mort en 2018, les paroissiens du Saint-Curé-d’Ars à Forest sont désireux de vivre autrement leur appartenance à l’Église par fidélité à la tradition bien comprise. Ils ont le courage de penser l’avenir (Christof Theobald, Cerf, 2021). Prêtres et laïcs, tous célébrants au nom de leur baptême, ils ne se contentent pas de répéter sans comprendre les mots datés, passés, dépassés de la liturgie. En assemblée dominicale, ils sont à l’écoute d’une Parole inouïe, miraculeuse-ment parvenue à leurs oreilles grâce à cette même Église dont pourtant l’Évangile questionne les dérives autoritaires et auto-conservatrices.
Le sacerdoce ministériel est au service du sacerdoce commun des fidèles, pas l’inverse ; il fait fausse route quand il décourage toute créativité qui risquerait de faire de l’ombre à son autorité hégémonique.
Un Évangile qui ne serait pas communication de Vie en toute circonstance, particulièrement en temps de crise, n’est pas l’Évangile de Jésus Christ, toujours neuf et toujours bon pour qui a des oreilles pour l’entendre dans la langue de sa vie. Jésus n’a cessé de s’émerveiller en découvrant l’Esprit du Père à l’œuvre là où il ne l’attendait pas.
On n’aide pas un « peuple qui a soif de paroles de vie » en le traitant de « club qui essaie de survivre », des paroles blessantes adressées à des chrétiens qui ne demandaient pas des leçons de liturgie ni de morale mais qui s’efforcent, non pas de survivre, mais de vivre grâce à une parole prise au sérieux. Une parole de foi, d’espérance et d’amour fraternel.
Nous sommes humblement conscients d’être en chemin, loin de nous prendre pour modèles d’orthodoxie ou de piété. Nous prenons à cœur la responsabi-lité de notre expérience de foi dans une paroisse laboratoire (comme la définissait Paul Tihon qui suivait avec intérêt notre expérience).
Nous sommes engagés avec le même sérieux dans la démarche synodale encouragés par Joseph De Kesel qui, nous l’espérons, y voit le travail de l’Esprit Saint. Si ce n’était pas le cas nous voudrions qu’il nous aide fraternellement à retrouver le chemin, mais s’il fait confiance au sensus fidelium, nous attendons de lui qu’il nous encourage à poursuivre notre marche au service d’une humanité en perte de repères qui attend notre témoignage de l’existence d’une Source à chercher ensemble.
30 juillet 2022
Gerda Compère-Hilgers (Communautés de Base)
Notes :
[1] de Paul Mayence en juin dernier : http://paves-reseau.be/revue.php?id=1945
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