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Les manifestations de Toussaint 2006 vont-elles vraiment humaniser Bruxelles ?

Sylvie Kempgens
Cet article n'a pas été publié dans une de nos revues

A PAVES, nous suivons d’un œil mi-sceptique, mi-consterné, l’annonce des festivités par l’Eglise de Bruxelles.

En lieu et place de la parole du Prophète : « Ce que je veux, c’est que la justice et le droit ne tarissent pas », nous avons plutôt l’impression d’être face à une coûteuse entreprise de marketing, davantage soucieuse de reconquérir du terrain que d’humaniser la ville …

Etre chrétiens dans la ville, n’est-ce pas plutôt être levain dans la pâte ?

Et non pas être vus à tout prix. Cette banderole « Venez et voyez », placardée sur toutes les églises, le grand déballage de tout le tralala, les étoles au sigle de la manifestation, …  Jésus n'a guère entraîné les gens dans des lieux de prière privilégiés. Il a appelé à adorer en esprit et en vérité et non dans tel ou tel lieu de culte…

Le « Venez et voyez », c’est à nos institutionnels qu’on a envie de le lancer ! La vraie vie, c’est au dehors qu’elle se trouve, au milieu des difficultés des gens et des réalités du quotidien, pas à l’abri dans les bâtiments séculaires, dont on va glorifier la grande valeur artistique et historique, mais qui sont là présentés et utilisés comme un rempart rassurant contre le monde d’aujourd’hui.

L’Eglise de Bruxelles se soucie apparemment de donner aux jeunes qui en manquent, des racines et un savoir sur ce qu’est être chrétien. « Montre »-t-on vraiment Jésus en faisant la tournée des églises ?

Pour notre part, nous appelons plutôt à participer aux activités organisées par la plate-forme « Chrétiens solidaires » : ateliers le lundi 30 octobre à 14h30 au Collège Notre-Dame de la Sagesse à Ganshoren, ainsi que les parcours sociaux organisés le 1er novembre.

Pour tout dire, le programme tel que paru dans la revue B-City lancée pour l’occasion, nous laisse l’impression d’un grand marché, d’une soupe gigantesque, qui à côté d’intervenants prestigieux, de tables rondes alléchantes, de messes en grégorien et de manifestations d’art liturgique et sacré, frise parfois le ridicule, comme avec la messe au cor de chasse, la fête des enfants déguisés en saint de leur choix, ou la bénédiction des animaux de compagnie !!

Mgr Dekesel aurait invité les catholiques à se mettre en réflexion …  Et pourtant, nous devons déplorer l’absence de réflexion, durant la semaine, sur le sens des multiples sacrements qu’on se propose d’administrer pendant ces journées : une place prépondérante est donnée aux mouvements charismatiques, et on va offrir à la piété du public soirée de guérison, procession de reliques et (si l’on ose dire !) débauche d’adorations.

Outre le fait que cette spiritualité n’est définitivement pas la nôtre, nous nous inquiétons de la voir prendre proportionnellement tant de place. Certes, les gens d’un certain âge l’ont connue dans leur jeunesse et peuvent y être attachés. Par contre, engager des jeunes dans cette dévotion n’a pas de sens : inadaptée à l’avenir, cette pratique ne cultive pas l’esprit critique, elle ne met pas debout. Au contraire, elle déresponsabilise, et représente en outre une terrible entrave au dialogue avec les non-croyants et les autres religions.

Cette tendance culmine malheureusement avec le nouvel ostensoir commandé pour la circonstance : alors qu’il y déjà tant d’ostensoirs dans les paroisses, c’est un gaspillage insolent face au nombre de miséreux, de mal logés, de laissés pour compte dans notre capitale ; mais c’est avant tout une décision fondamentalement réactionnaire, mettant à l’honneur un instrument qui repose sur une vision déviante de l’eucharistie, et contribue encore à l’alimenter.

Il y aurait, semble-t-il, un équilibre à trouver entre le besoin d’identité, et le pluralisme et la diversité de la société d’aujourd’hui.

A côté de l’accueil fait dans une certaine mesure aux diversités culturelles et à l’acculturation de la religion (avec les manifestations d’inspiration africaine, comme une messe de délivrance pour notre arbre généalogique, ou une imposition), l’impression qui domine à première vue est celle d’une réaffirmation triomphaliste de la religion majoritaire. Comme en réplique aux affirmations très fortes de l’identité musulmane. L’affrontement n’est pas loin … 

Certes, quelques ateliers porteront sur l’interreligieux (ainsi le 31 octobre « Humaniser la ville : un défi pour chrétiens et musulmans », également au Collège Notre-Dame de la Sagesse à Ganshoren à 14h30, ou le 2 novembre : « Pas de religieux sans l’interreligieux »), mais cette manifestation eût été l’occasion pour l’Institution de poser un geste fort par une prière, un moment partagé, un geste très visible de paix, d’accueil et de fraternité. Il n’est malheureusement pas annoncé …  Les associations comme El Kalima sont laissées fort seules sur ce chemin étroit et marginal.

 

 

Sylvie Kempgens (Communautés de Base)


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