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OTAN, suspends ton vol !

Edouard Brion
Publié dans Bulletin PAVÉS n°18 (3/2009)

Devant l’évolution actuelle de l’OTAN, les mouvements de paix européens ne restent pas sans réaction, mais, petit clin d’œil au “Lac” de Lamartine, ils préparent une riposte nourrie par une analyse sans concession, et qui n’aura rien de romantique ni de larmoyant, soyons-en sûrs.

Ainsi, dans notre pays, à l’occasion du soixantième anniversaire de cette alliance militaire, les groupes réunis au sein de la commission “paix” de la CNAPD[1], se sont fait une idée de la situation présente et ont envisagé l’avenir.

Certes, beaucoup d’entre eux voudraient être plus radicaux. Toutefois il faut reconnaître que les populations des Etats membres de l’OTAN attendent une protection, en particulier la Belgique.

En effet, depuis son indépendance, celle-ci a toujours été soumise aux aléas de la politique de ses grands voisins. Assurer son autonomie fut donc d'emblée un intérêt vital du pays.

Depuis l'entre-deux-guerres et surtout après la Seconde Guerre mondiale, elle a soutenu un système international basé sur des règles fixes, que ce soit au niveau de l'Europe ou au niveau mondial. Immédiatement après la Seconde Guerre mondiale, elle se révéla une adepte convaincue d'une défense ouest-européenne sous direction britannique. Dans les décennies qui suivirent, elle se déclara fidèle partenaire de l'OTAN. Ce qui n'empêcha pas des crises profondes entre Bruxelles et Washington. La chute du Mur de Berlin en 1989 entraîna un débat sur une nouvelle architecture de sécurité en Europe. En Belgique, on en revint alors à l'option européenne défendue par Paul-Henri Spaak dans la période 1945-1948. Faire le lien entre la primauté européenne en matière de défense et la coopération atlantique est un exercice d'équilibrisme, pas toujours simple à réaliser[2].

Qu’en est-il aujourd’hui ? C’est là que nous retrouvons l’analyse de la CNAPD et ses conclusions[3].

L’OTAN dans son évolution s’est fondamentalement éloignée des missions que lui confiait le Traité de 1949.

L’OTAN a progressivement glissé d’une alliance défensive qui devait agir sur son territoire dans le respect de l’ONU vers une force d’intervention préventive partout dans le monde et si nécessaire sans mandat de l’ONU. De bouclier, l’OTAN est devenue une épée. Elle devait défendre un territoire, elle veut aujourd’hui défendre des “valeurs communes” (souvent citées mais jamais explicitées) et des intérêts communs. Toutes ces évolutions n’ont pourtant jamais été validées par notre Parlement ! 

La perception et la hiérarchie des menaces telles que définies par l’OTAN est-elle pertinente ? Elle évacue par exemple les « menaces molles » identifiées par l’ONU, la faim et les épidémies, qui font pourtant bien plus de victimes et hypertrophie la menace terroriste.

En regard des priorités définies par l’OTAN (terrorisme, armes de destruction massive…), les réponses apportées par l’Alliance sont-elles adéquates ? Quel est le bilan politique des missions OTAN sur le terrain ? 

Plus fondamentalement, souhaitons-nous le passage d’une organisation de défense de ses membres à une gestion extérieure des menaces basée sur le principe que notre sécurité se construit en dehors des frontières ? En quoi la politique étrangère européenne constitue-t-elle une alternative à cette tendance ? 

L’existence même d’une alliance comme l’OTAN aujourd’hui ne sape-t-elle pas la tentative d’un ordre mondial réellement multilatéral sous égide de l’ONU ? Les élargissements successifs vers l’Est et le Sud et les partenariats hors Europe, risquent, en constituant une menace pour le reste du monde, de devenir contre-productifs pour notre sécurité. 

Les mécanismes de prise de décision manquent de transparence : par les pressions autant que par la délégation de certaines décisions à des organes technocratiques, la règle de l’unanimité ne garantit pas un fonctionnement démocratique. Le contrôle parlementaire (tant national qu’otanien) est quasi inexistant. Ne bradons-nous pas trop facilement notre souveraineté sur des questions aussi essentielles ?

Toutes ces questions doivent être largement et publiquement débattues préalablement à de nouveaux engagements dans le cadre du sommet du soixantième anniversaire de l’OTAN qui se tiendra en avril 2009 à Strasbourg et qui définira un nouveau concept stratégique pour l’Alliance.

 

Les 5 revendications de la CNAPD

+ Respect strict de la Charte des Nations Unies et le Droit international, notamment en exigeant un mandat explicite du Conseil de Sécurité pour tout emploi de la force

+ Pas d’élargissement de l’OTAN, pas de présence Otan hors zone, stop aux partenariats

+ Désarmement nucléaire total de l’UE. Retrait immédiat des bombes de Kleine Brogel et refus du bouclier antimissiles (US ou Otan)

+ Contrôle démocratique véritable sur toute décision de l’Otan et sur la politique de défense de notre gouvernement (soutien à la proposition de modification de la Constitution Belge en ce sens) Pas d’augmentation des budgets militaires et étanchéité des postes budgétaires (ne pas détourner d’autres budgets vers le militaire). Arrêt des investissements de recherche en armements

+ Lancer un débat de fond sur la neutralisation progressive de l’UE dans la perspective d’une dissolution de l’Otan 

 

Tel est le document de la CNAPD. Il demande une réaction de notre part à nous qui sommes préoccupés de la paix dans le monde.

Des manifestations sont prévues dans les prochaines semaines tant en Allemagne (Baden Baden) qu’en France, en l’occurrence à Strasbourg, “contre les politiques militaires et nucléaires agressives de l’OTAN et affirmer l’exigence qu’un monde juste et sans guerre est possible” (Appel de Stuttgart). Celle-ci aura lieu le 4 avril prochain. Un transport en car est organisé par Vrede à partir de Gand via Bruxelles. Départ de Bruxelles à la gare du Nord le 4 avril à 6h45. Retour vers 24 h. Réservation : Pieter@vrede.be  Coût 31 € à verser au 000-0956015-80. Le Mouvement Chrétien pour la Paix en sera (mcp.belgium@skynet.be Tél. 071.31.25.68).


Edouard Brion (Mouvement Chrétien pour la Paix)

Notes :
[1] Coordination nationale d’action pour la paix et la démocratie

[2]  Voir Rik COOLSAET, La Belgique dans l’OTAN, Courrier hebdomadaire du CRISP n° 1999.

[3]  Ce document est une synthèse d’un dossier de 12 pages que vous pouvez obtenir auprès de la CNAPD en téléphonant au 02/ 640 52 62 ou sur www.cnapd.be


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