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Synode sur la synodalité : où en est-il et où va-t-il ?

Thomas Reese
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Avec la convocation d'un synode mondial sur la synodalité, le pape François a lancé le processus de consultation le plus étendu que le monde ait jamais vu.

Ces derniers mois, chaque diocèse a produit un rapport sur ses séances d'écoute, ces rapports ont ensuite été synthétisés par les conférences épiscopales nationales. Les rapports de la conférence ont été envoyés à Rome, où ils ont été à leur tour incorporés dans une "synthèse des synthèses" qui a été préparée pour la prochaine étape du processus synodal : une consultation continentale.

Pour les millions de personnes qui ont participé au processus synodal, le synode n'est plus un concept abstrait mais une expérience vécue. Ils se sont réunis en tant que frères et sœurs, ont partagé leur expérience d'écoute de la parole de Dieu et ont réfléchi ensemble sur l'avenir de l'Église.

Je suppose que pour François, cette expérience vécue est aussi importante, sinon plus importante, que toutes les propositions qui viennent du synode.

Le « Document de travail pour l'étape continentale », publié le mois dernier, nous donne une image d'où en est le processus synodal et où il pourrait aller.

Le document décrit "le sens partagé de l'expérience de la synodalité vécue par ceux qui y ont participé", ont écrit ses auteurs, y compris "les espoirs et les préoccupations du Peuple de Dieu du monde entier".

Ce matériau permettra aux participants aux assemblées continentales d'écouter des voix de toutes les parties du monde. L'expérience culturelle, politique, économique et religieuse de l'Église est très différente en Afrique, en Europe, en Asie et en Amérique du Nord et du Sud.

Ces assemblées continentales établiront ensuite une liste de priorités pour la première session du synode des évêques qui débutera en octobre prochain.

La première section du document rapporte qu'il y avait une grande appréciation de l'opportunité de parler et d'écouter les autres dans l'église.

"Ce qui ressort", selon le document de travail, "est une profonde réappropriation de la dignité commune de tous les baptisés". Ce fondement théologique "permet de continuer à promouvoir et à valoriser la variété des charismes que l'Esprit répand avec une abondance imprévisible sur les fidèles".

Le deuxième chapitre s'organise autour d'une citation d'Isaïe : "Agrandis l'espace de ta tente !" où la tente est considérée comme un espace de communion et de participation, fondements nécessaires de la mission.

"Agrandir la tente nécessite d'y accueillir l'autre, de faire place à sa diversité", précise le document de travail.

Au centre de la tente "se dresse le tabernacle, c'est-à-dire la présence du Seigneur", explique le document de travail en développant davantage la métaphore. "La tenue de la tente est assurée par la solidité de ses piquets, c'est-à-dire les fondements de la foi qui ne changent pas mais peuvent être déplacés et plantés dans un sol toujours nouveau, afin que la tente puisse accompagner le peuple dans son cheminement à travers l'histoire. Enfin. pour ne pas s'affaisser, la structure de la tente doit maintenir en équilibre les différentes forces et tensions auxquelles elle est soumise : une métaphore qui exprime le besoin de discernement."

Le troisième chapitre décrit l'Église comme ayant besoin de vivre "un paradoxe christologique : proclamer avec audace son enseignement authentique tout en offrant en même temps un témoignage d'inclusion et d'acceptation radicales à travers son accompagnement pastoral et de discernement".

Plutôt que de nous comporter comme des gardiens, nous sommes appelés à "une vision d'une Église capable d'inclusion radicale, d'appartenance partagée et d'hospitalité profonde selon les enseignements de Jésus".

Le chemin vers une plus grande inclusion nécessite "d'écouter attentivement et d'accepter d'être transformé par elle". Les obstacles à une telle écoute comprennent les structures hiérarchiques, le cléricalisme et les différences socio-économiques.

Lors des séances d'écoute, beaucoup ont parlé de la nécessité d'inclure de nombreux groupes marginalisés, notamment les jeunes, les personnes handicapées, les personnes mécontentes du changement liturgique, celles qui ont avorté, les personnes qui ont divorcé et se sont remariées, les parents isolés, les personnes vivant dans un mariage polygame, les personnes LGBTQ, celles qui ont quitté le ministère ordonné et se sont mariées, et "les femmes et les éventuels enfants de prêtres qui ont rompu le vœu de célibat, qui risquent autrement de subir de graves injustices et discriminations".

Sont également répertoriés "les plus pauvres, les personnes âgées solitaires, les peuples indigènes, les migrants sans aucune affiliation et qui mènent une existence précaire, les enfants des rues, les alcooliques et les toxicomanes, ceux qui sont tombés dans les complots de la criminalité et ceux pour qui la prostitution semble leur unique chance de survie, victimes de la traite, survivants d'abus (dans l'Église et au-delà), prisonniers, groupes qui souffrent de discrimination et de violence en raison de leur race, de leur origine ethnique, de leur sexe, de leur culture et de leur sexualité".

Le document reconnaît que "les défis du tribalisme, du sectarisme, du racisme, de la pauvreté et de l'inégalité des sexes" existent "dans la vie de l'Église, ainsi que dans le monde".

En réponse à ces défis, "la mission de l'Église est de rendre le Christ présent au milieu de son Peuple par la lecture de la Parole, la célébration des sacrements et par toutes les actions qui prennent soin des blessés et des souffrants". La consolidation de la paix et la réconciliation, ainsi que le travail pour la justice, sont des éléments cruciaux de la mission. La mission de l'Église dans de nombreux endroits du monde implique le dialogue avec des personnes de religions différentes.

La liturgie, qui rassemble la communauté, a été considérée comme importante pour rendre tangible la communion, permettre l'exercice de la participation et nourrir l'élan vers la mission avec la Parole et les sacrements.

Enfin, la synthèse indique : "Presque tous les rapports soulèvent la question de la participation pleine et égale des femmes. De nombreux rapports demandent à l'Église de poursuivre son discernement sur une série de questions précises : le rôle actif des femmes dans les structures dirigeantes des organes de l'Église, la possibilité pour les femmes ayant une formation adéquate de prêcher en milieu paroissial, et un diaconat féminin."

Mais sur la question de l'ordination sacerdotale, "une plus grande diversité d'opinions a été exprimée", certains rapports l'appelant et d'autres la considérant comme une question close.

Le quatrième et dernier chapitre du document de travail se tourne vers l'avenir, exhortant les participants à être une "Église qui apprend par l'écoute à renouveler sa mission évangélisatrice à la lumière des signes des temps, à continuer d'offrir à l'humanité une manière d'être et vivant dans lequel tous peuvent se sentir inclus en tant que protagonistes."

Il y a beaucoup de controverse autour du synode. Les "libéraux" y voient une opportunité de faire pression pour des réformes bloquées par les papes Jean-Paul II et Benoît XVI après le Concile Vatican II : clergé marié, femmes prêtres, plus grande inculturation dans la liturgie, acceptation du contrôle artificiel des naissances, repenser l'éthique sexuelle, etc. Les "conservateurs" y voient une tentative des libéraux de faire pression sur l'église pour qu'elle change ses enseignements.

Les libéraux soulignent le soutien du public à leurs réformes ; les conservateurs répliquent en disant que l'église n'est pas une démocratie. (Le processus synodal a certainement souligné l'importance d'écouter le peuple de Dieu, mais les évêques et le Vatican ont également clairement indiqué que les décisions ne seront pas prises par vote populaire.)

Les conservateurs craignent que le pape ne cède à la pression publique ; les libéraux craignent que la hiérarchie rejette une fois de plus leurs réformes. Le document de travail reconnaît ces craintes.

François, d'autre part, se concentre sur l'amélioration de la mission de l'église de proclamer l'Evangile et de créer une église plus synodale.

L'introduction au "Document de travail pour l'étape continentale" du processus synodal stipule que la question fondamentale qui guide tout le processus est : Comment ce cheminement ensemble "permet-il à l'Église d'annoncer l'Évangile conformément à la mission qui lui a été confiée ; et quelles démarches l'Esprit nous invite-t-il à faire pour grandir comme Église synodale ?"

Si les libéraux veulent gagner le soutien de François pour leurs réformes, ils devront montrer comment les réformes permettent à l'Église de mieux proclamer l'Évangile et comment elles nous font grandir en tant qu'Église synodale. Si les conservateurs veulent tuer ces réformes, ils doivent montrer que les réformes proposées font exactement le contraire.

Mon opinion est que bon nombre des réformes proposées aideraient l'Église à mieux proclamer l'Évangile et à en faire une Église plus synodale, mais je ne sais pas ce que pensera François. Je suppose qu'il adoptera plus de réformes que ne le souhaitent les conservateurs, mais qu'il ira plus lentement que ne le souhaitent les libéraux. Agir autrement pourrait détruire la synodalité même qu'il veut favoriser.

8 novembre 2022


Thomas Reese - USA)

Notes :
Source : https://www.ncronline.org/opinion/guest-voices/synod-synodality-where-has-it-been-and-where-it-going?utm_source=NCR+List&utm_campaign=f2a0099272-EMAIL_CAMPAIGN_2022_11_07_09_26&utm_medium=email&utm_term=0_6981ecb02e-f2a0099272-230587362



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