Je commande un joyeux Noël
Luc Wenger
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Noël et son cortège de traditions est à la porte. Nous en sommes à la mi-temps. Ma petite ville est illuminée de belles lumières qui font la joie des petits et des grands.
Sapin, guirlandes, boules, bougies, bredele, tout est là pour nous faire passer un joyeux Noël dans la paix, la douceur et la joie. Jeudi dernier le saint Nicolas déambulait dans les rues distribuant clémentines et bonbons aux enfants mi émerveillés, mi craintifs et même aux parents ou grands-parents ravis de retomber en enfance pour un temps. Et ensuite d’aller poster leur lettre de Noël dans la grande boite rouge du Père Noël.
Un temps de nostalgie et d’espoir. L’espoir d’oublier pendant un laps de temps tout ce qui ne va pas dans le monde et la nostalgie d’un temps passé toujours idéalisé.
« Joyeux Noël » fleurit sur les façades des commerces et sur nos lèvres. Mais peut-on ainsi décréter la joie et passer commande comme chez les commerçants ?
Tous les Noëls sont différents
« Joyeux Noël » et vie quotidienne ne riment pas toujours. Il peut y avoir dans notre existence bien des choses qui n’ont pas la saveur des bredele et la douce lumière des bougies de la couronne de l’Avent. Des « accidents » de vie, telle la maladie, le deuil, la précarité et bien d’autres nous empêchent d’être en paix, d’y voir clair et de goûter à la douceur de la sérénité. Et ce n’est ni le saint Nicolas, ni le petit papa Noël qui pourront y changer quelque chose, encore moins l’injonction du « Joyeux Noël ».
Tous les Noëls sont différents, marqués par la vie et son cortège de joies et de peines… différents et semblables dans leur attente d’espérance.
Alors je continue ma promenade dans ma petite ville et sur une place je vois une crèche, une de celles qui a aujourd’hui du mal à exister hors les murs d’une église ou au pied de notre sapin. Non, ce n’est pas une simple décoration mais le cœur d’un possible changement, une espérance qui me permet non pas d’accepter l’inacceptable, mais d’apprendre à y consentir. Cette crèche et ses personnages raconte une histoire où j’ai ma place.
Il y a le Noël des bergers qui écoutent le message des anges et se mettent en marche. Ils n'avaient pas grand-chose à offrir à l'enfant de la crèche, si ce n’est leur vie d’exclus et de méprisés ; mais cela a transformé leur existence.
Il y a le Noël des mages qui ont laissé l'étoile les guider dans leur recherche d'un personnage important et qui bien que puissants et les bras chargés de cadeaux se sont prosternés devant celui qui répond à la quête spirituelle de tout être humain.
Il y a le Noël de Marie et de Joseph qui acceptent d’être bouleversés dans leurs plans, leurs traditions et leur vie d’humain et découvrent - avec émerveillement - par là même, le Mystère de l’Amour de Dieu.
Il y a enfin le Noël de Dieu qui prend le risque d’entrer en relation avec les hommes pour leur proposer un projet d’envergure : devenir pleinement humain avec joies et peines, mais pétris de la tranquille espérance de se savoir acceptés, entendus et accompagnés dans toutes les situations. Allez pour finir j’ose un « Joyeux Noël ».
Luc Wenger
Notes :
article paru dans les Dernières Nouvelles d'Alsace, 10 décembre 2023
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