Le Vatican et les évêques allemands font un compromis sur le chemin synodal
pour l'instant... (4 avril 2024)
Renardo Schlegelmilch
Cet article n'a pas été publié dans une de nos revues
Le 22 mars était un jour important pour les catholiques d'Allemagne. Les chefs de la conférence épiscopale allemande se sont rendus à Rome pour s'entretenir avec les dirigeants du Vatican et chercher une issue à l'impasse dans laquelle ils se trouvent.
L'évêque limbourgeois Georg Bätzing, chef des évêques allemands, et d'autres se sont assis pendant une journée entière avec les cardinaux Pietro Parolin, Victor Fernandez, Robert Prevost, Arthur Roche et Kurt Koch. Personne n’était censé être au courant de la réunion jusqu’à ce qu’un responsable du Vatican en parle à la presse. Ce soir-là, à 20 heures, les deux parties ont publié une déclaration commune pour faire connaître au monde leur compromis. Une étape très inhabituelle.
Sur quoi portait le compromis ? Pour expliquer, il faut comprendre un peu la mentalité allemande. Il s'agit de conseils, de comités, de statuts et d'assemblées.
Bien que les assemblées du « chemin synodal » se soient conclues l'année dernière par des appels à des réformes majeures dans l'Église, ces réformes ne seront pour la plupart pas mises en œuvre avant 2026, lorsque le conseil synodal prendra ses fonctions. Ce conseil est censé être composé du même nombre d’évêques et de laïcs pour voter ensemble sur d’autres réformes en Allemagne. Avant cela, cependant, un autre groupe se réunit, le comité synodal, dont le seul objectif est d'établir les statuts et les règlements du prochain conseil synodal.
Tout cela est un peu déroutant et un peu « allemand ».
Ce comité synodal est la principale raison des tensions les plus récentes entre le Vatican et les évêques allemands. Selon les responsables du Vatican, un tel comité – où les évêques et les laïcs partagent le pouvoir de voter et de décider sur un pied d'égalité – va à l'encontre des normes du Code de droit canonique, dans la mesure où l'évêque en tant que chef de son diocèse pourrait théoriquement être mis en minorité. L'Église allemande a une interprétation différente, comme l'a exprimé à plusieurs reprises l'évêque d'Essen Franz-Josef Overbeck : l'autorité épiscopale n'est pas entravée par l'implication des laïcs dans la prise de décision, elle est renforcée par celle-ci.
Deux côtés, deux points de vue et pas vraiment de volonté de compromis. Jusqu'à ce 22 mars fatidique et la déclaration commune du Saint-Siège et des évêques allemands.
Leur compromis : le comité synodal allemand peut continuer à travailler, mais le Saint-Siège doit approuver chaque étape. Est-ce une victoire pour l’un ou l’autre camp ? Les évêques allemands semblent le penser, puisqu'ils ont publié le 25 mars une lettre en collaboration avec le principal groupe laïc allemand ZdK (Comité central des catholiques allemands), annonçant leur intention de voter les statuts du comité synodal fin avril et de réunir le comité en juin. Selon leur déclaration, ils considèrent le compromis avec Rome comme un encouragement à poursuivre sur la voie des réformes.
Les médias et commentateurs plus conservateurs ne sont pas d’accord. Ils voient les Allemands favorables aux réformes maîtrisés, et soulignent l’approbation désormais explicitement requise de Rome pour leurs prochaines étapes de réforme. Cela pourrait constituer le plus grand obstacle sur le chemin de la réforme synodale allemande. Comme on sait, Rome est très critique à l’égard des idées allemandes.
Même si les évêques allemands ont accepté ce dernier compromis, le prochain conflit est déjà programmé : lorsque le comité synodal se réunira les 14 et 15 juin, Rome devra approuver ses décisions. Les idées de réforme sont déjà dans les cartons, puisque l'assemblée finale du « chemin synodal » les a décidées en mars 2023. Que se passera-t-il lorsque le comité synodal tentera de les mettre en œuvre ? Quand prendront-ils la décision d’établir officiellement leur nouveau conseil et demanderont-ils l’approbation de Rome ? Il est difficile de croire que les responsables du Vatican se contenteront de leur faire signe de passer.
Les Allemands ont besoin d’une certaine marge de manœuvre et de la bonne volonté de Rome pour faire valoir leurs idées. Jusqu’à présent, cela semblait impossible. Après la dernière réunion, la porte semble s’être un peu ouverte. Au moins pour l’instant, les tensions semblent s’être un peu relâchées et les deux parties semblent disposées à travailler ensemble.
Il s’agit d’un pas en avant par rapport au silence glacial des derniers mois, mais en aucun cas d’un compromis sur les véritables questions de réforme. Il y a néanmoins deux points positifs à en tirer : les deux parties se parlent à nouveau et elles étaient prêtes à rechercher un compromis qui permettrait aux deux parties de sauver la face. Nous verrons comment cela évoluera à long terme.
Renardo Schlegelmilch - Allemagne)
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