Quelques réflexions sur la visite du pape François en Belgique.
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Aux lendemains de la visite en Belgique du pape François, nous tenons à exprimer notre désarroi comme association citoyenne d’inspiration chrétienne. Nous sommes heurtés par les mots durs et violents du pape, à notre sens plus propices à fermer les portes du dialogue qu’à les ouvrir. Cette visite a comporté avant tout des temps forts d’écoute empathique, de visites de terrain et de fête chrétienne. Mais elle a finalement été ternie par des déclarations blessantes et maladroites. Nous faisons référence aux expressions inutilement polémiques du pape : tout particulièrement les « tueurs à gages » visant les médecins pratiquant l’avortement et la référence à la « loi meurtrière » de 1990 encadrant l’avortement, mais aussi les stéréotypes féminins exprimés lors du (non)dialogue à UCLouvain et dans l’avion de retour vers Rome.
Oui, nous apprécions le courage du pape qui défend la dignité et la vie humaines, qui pose des gestes forts de solidarité de cœur avec les migrants, qui dénonce les structures inégalitaires, qui s’attaque au cléricalisme dans l’Église, qui se rapproche des différentes périphéries de ce monde, de l’Amazonie au Timor oriental, et qui ne cesse de rappeler aux personnes et communautés qu’il rencontre l’importance de rechercher le bien commun. C’est pourquoi notre association relaie avec enthousiasme les encycliques et lettres pastorales sur l’écologie, la fraternité, les défis climatiques, la synodalité et bien d’autres sujets sociaux et spirituels (ils vont de pair), en développant des articulations thématiques sous formes d’animations ou d’écrits, mais toujours avec la boussole du bien commun.
Mais, non, nous ne restons pas muets face aux propos injurieux qui jettent l’opprobre sur les médecins, qui réduisent la complexité des dilemmes de l’aide médicale ou qui délégitiment le processus démocratique d’une société où les catholiques ne sont plus majoritaires. Quant aux choix des mots du pape dans son discours à l’UCLouvain, ils nous rappellent l’urgence pour l’Église de donner leur juste part aux femmes et de construire une anthropologie et une théologie de manière bien plus inclusive.
L’Église et la société sont en tension, c’est évident. Le pape François a pu faire diminuer cette tension sur bien des enjeux, prônant avant tout des attitudes de miséricorde. Cette fois néanmoins, ses déclarations nous mettent en souffrance, et beaucoup de personnes et mouvements chrétiens avec nous.
Aux lendemains de cette visite, notre contribution au débat public est le suivant. Aux responsables et relais de l’Église de Rome, la subsidiarité ne demanderait-elle pas que l’on soit davantage à l’écoute des acteurs locaux de l’Église, à commencer par la Conférence des évêques de Belgique, mais aussi le riche tissu d’associations et mouvements chrétiens, les femmes, les victimes ? A celles et ceux qui tiennent erronément l’Église locale responsable de ces déclarations, n’oubliez pas que la communauté catholique est diverse, surtout dans un pays comme la Belgique. A tous, œuvrons de part et d’autre, et notamment ensemble, pour un monde plus juste, solidaire, inclusif et respectueux des différences, où les quêtes de sens et d’une vie bonne redeviennent pierres d’angle de la culture démocratique.
Sur Facebook, samedi soir 5 octobre 2024
Centre AVEC
