Elections
Henri Solé
Cet article n'a pas été publié dans une de nos revues
Nous qui voulons agir et réfléchir à un autre visage de l’Eglise et de la Société, nous sommes aujourd’hui confrontés à des élections locales pour désigner les responsables du bien commun des endroits où nous vivons.
Elections ? Une fois de plus, nous entendons des arguments du genre « Election ? Piège à cons » ou « Je n’accepte pas que le vote soit obligatoire ».
Avant de dédaigner cet outil de responsabilisation et donc d’humanisation de tous les citoyens, y compris des plus faibles, que sont les élections, ne devons-nous pas nous souvenir du long combat pour la démocratie mené chez nous par les bourgeois, puis par le peuple, par les femmes et enfin par les immigrés résidant chez nous ?
S’il est vrai que la démocratie est un art difficile et qu’il y a de retentissants échecs comme l’élection des certains dictateurs ou ploutocrates, il n’en reste pas moins vrai qu’elle est le seul moyen qui permette à tout le monde de participer à la direction de sa communauté et à chacun d’y prendre ses responsabilités et de sanctionner, en bien comme en mal, celles et ceux à qui il a confié la gestion du bien de tous.
Pourquoi n’accepterions-nous pas d’être dérangés de nos ronrons quotidiens en nous intéressant, en discutant et en défendant notre vision du bien commun ? Notre dédain devant les élections cache-t-il notre égoïsme de satisfaits, notre paresse devant l’effort de s’intéresser au bien de tous plutôt qu’à satisfaire nos petits désirs du moment, notre découragement devant nos erreurs du passé et nos échecs ?
Il est clair que nous ne pouvons tout connaître et que nous serons toujours trompés par certains de nos semblables, mais il est tout aussi évident que les élections sont le seul moyen de gouvernement non violent qui parie sur l’intelligence et le cœur de l’homme, et qui nous permette de corriger nos erreurs. Et n’est-ce pas là le pari même du Dieu créateur et père ?
Que ceux qui ont peur d’échouer ou de travailler, de réfléchir et d’agir, cessent aussi de se marier, de faire des enfants et d’exercer une profession, car là aussi ils prennent le risque en essayant de participer à la création, de faire plus de mal que de bien.
Evidemment nous pourrions dire, comme les tenants de la thèse suivant laquelle l’Eglise n’est pas une démocratie, que notre royaume n’en est pas une non plus. Mais puisque nous avons prouvé qu’un système démocratique pouvait vivre en s’accommodant d’une monarchie, pourquoi ne pourrions-nous pas, comme l’ont su faire les premiers chrétiens, humaniser les chrétiens actuels en les rendant adultes et responsables de leurs communautés ? Voyez les exemples de l’élection du douzième apôtre et de l’institution des diacres dans les Actes des Apôtres.
En bref, nous croyons que pour que l’Eglise comme nos sociétés prennent un visage plus humain, et donc plus divin, il faut faire confiance à l’homme, à son cœur et à son intelligence en lui reconnaissant la responsabilité de choisir ses meneurs.