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Pour des communautés vivantes et rayonnantes ?

Un fonctionnement démocratique d’Eglise

Démocratie dans l'Eglise
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Dans sa lettre pastorale sur l’avenir des paroisses et la présence de l’Eglise à Bruxelles, Jozef De Kesel, notre évêque souligne le besoin de communautés chrétiennes vivantes et rayonnantes.

La mission d’une paroisse est de devenir de plus en plus un lieu de « vraie vie chrétienne », un lieu ouvert tout particulièrement aux pauvres et aux exclus de la société, et de rendre possible pour ceux qui la fréquentent, une expérience de vie relationnelle qui a sa source dans l’Evangile et dans la foi en un Dieu Trinité. « C’est à l’amour que vous avez les uns pour les autres qu’on vous reconnaitra pour mes disciples » Jn 13,35.

C’est ainsi que nous comprenons le royaume de Dieu présent parmi nous (et pas seulement en nous), c'est-à-dire pas seulement intérieur, caché, mais relationnel, présent dans l’amitié et la fraternité entre nous, « un entre nous qui est le lieu de Dieu » (M. Bellet).

Les structures de fonctionnement à mettre en place sont essentiellement au service de cet objectif. Pour être signe du royaume, l’Eglise doit laisser transparaître l’image de son Dieu qui est communion d’amour, d’échanges, de partage. Un fonctionnement démocratique, en coresponsabilité, cadre parfaitement avec cette mission d’Eglise, signe du Royaume. Ceci est applicable à toute communauté chrétienne : paroisse, communauté de base, groupes et équipes de pastorale, etc…

Si nous voulons être fidèles au message évangélique, nous devons organiser, dans nos groupes et communautés, ce vivre ensemble, inspiré de la foi en un Dieu amour et relation qui attend de ses enfants d’être frères et sœurs, égaux et libres. Un mode de fonctionnement en coresponsabilité facilite la mise en œuvre de cette mission.

Si nous plaidons pour un fonctionnement plus démocratique de l’Eglise, c’est aussi parce qu’il rejoint l’évolution de la société du XXIe siècle et conforte ainsi la crédibilité de l’institution. Quand nous parlons de fonctionnement démocratique, il ne s’agit pas de transposer purement et simplement les structures de la démocratie politique à l’Eglise, pas plus qu’on ne peut le faire pour d’autres institutions telles que l’école, l’entreprise, … Il faut distinguer esprit démocratique et procédures démocratiques, celles-ci devant être en harmonie avec la spécificité de l’institution.

Quels sont les critères spécifiques d’une communauté chrétienne ?

Albert Rouet, évêque de Poitiers, a défini cinq critères d’existence d’une communauté chrétienne (paroissiale ou autre). Pour qu’il y ait communauté chrétienne, cinq fonctions doivent être assurées et elles ne doivent surtout pas être concentrées sur une seule personne, ceci pour éviter toute prise de pouvoir par certains aux dépens des autres.

Première condition : la Parole doit être annoncée.

Annoncer la bonne nouvelle est le premier élément indispensable à tout projet d’Eglise. L’Evangile, au sens étymologique est l’heureuse annonce du royaume de Dieu, présent quand nous vivons entre nous des relations vraies, quand nous vivons pleinement notre filiation divine, quand nous mettons au service les uns des autres les dons que chacun a reçus, quand nous accueillons avec joie nos différences comme une richesse. Partager l’Evangile en assemblée communautaire, que ce soit lors de la messe du dimanche, en groupe de partage ou de catéchèse, en cercle biblique, etc., nous aide à discerner ensemble, et chacun à la lumière de son expérience croyante unique, ce que Dieu nous dit à travers les récits du premier et du second testament. Des théologiens et des clercs, les chrétiens attendent une parole d’encouragement à découvrir par eux-mêmes la richesse des Ecritures, une parole d’autorité comprise dans le sens de ce qui fait grandir, ce qui autorise à devenir auteur de sa propre vie.

Autre fonction indispensable à la vie d’une communauté chrétienne : la vie doit être célébrée. (En se rappelant que nous sommes tous et ensemble célébrants du sacrement auquel nous participons). L’assemblée eucharistique devrait être idéalement une réelle communauté de vie partagée ; c’est en cela que l’Eglise est sacrement.

A ce propos nous voudrions citer Philippe Bacq : « Il importe de découvrir que c’est l’existence quotidienne qui est d’abord sacramentelle lorsqu’elle est authentique. Si on vit une existence sacramentelle, on célèbrera les sacrements autrement ».

Quand nous célébrons Jésus mort et ressuscité, nous célébrons nos petites résurrections quotidiennes personnelles et collectives. Nous reconnaissons humblement que le rite eucharistique ne nous appartient pas et que nous n’avons pas le droit d’en faire n’importe quoi ; nous prenons conscience aussi que ce qui fait la valeur d’une célébration eucharistique n’est pas tant le respect scrupuleux des gestes et des paroles rituelles que la manière de faire communauté et la qualité des relations entre les célébrants que nous sommes.

Il serait aussi utile d’adapter le langage liturgique pour le mettre à la portée de tous. Nous sommes d’accord avec Louis Escoyez quand il écrit : «Le mystère eucharistique est déjà tellement difficile à comprendre qu’il est inutile de rendre son approche encore plus ardue par un langage ésotérique». Rendre le langage liturgique accessible à chacun est un autre aspect d’un fonctionnement démocratique adapté à notre temps. Les célébrations y gagnent en cohérence et en force de transformation pour toute l’existence, et ne sont plus un culte rendu à un Dieu lointain dont on veut s’attirer les bonnes grâces sans changer son cœur.

La 3e condition nécessaire mais pas suffisante pour qu’on puisse parler de communauté chrétienne selon Albert Rouet c’est que : La charité doit être exercée.

La dimension d’engagement pour un monde plus juste, plus solidaire, localement et globalement doit être présente quand nous nous rassemblons au nom de Jésus-Christ. On ne peut dissocier le culte rendu à Dieu de l’amour du prochain.

Le service aux frères doit être présent dans les actions et la réflexion d’une communauté chrétienne vivante. Chacun est tenu de faire ce qu’il peut et de prendre conscience de sa responsabilité citoyenne, locale et mondiale. Ceci est trop souvent négligé dans nos communautés d’Eglise où la seule collecte nous donne trop vite bonne conscience. Pas d’amour de Dieu sans amour inconditionnel du prochain traduit concrètement par nos actes et nos initiatives.

La gestion d’une paroisse en coresponsabilité démocratique demande une coordination des différents services. Ce souci de l’unité dans la diversité (quatrième critère selon Albert Rouet) doit être porté par une personne mais pas nécessairement ni surtout uniquement par le curé, et rien n’indique que pour exercer cette fonction il faut un prêtre. Le responsable de la communauté n’est pas nécessairement celui qui préside l’Eucharistie.

Ce service ne doit pas être sacralisé et celui qui l’exerce ne doit pas être au-dessus des autres. L’homme, la femme, étant ce qu’ils sont, le risque de dérive autoritaire n’est pas nul, mais il existe des moyens de limiter, voire d’éviter ces dérives : limiter la durée des mandats, travailler en équipe, avoir des procédures plus démocratiques de nomination, devoir rendre compte de son action après évaluation.

Le cinquième critère d’existence d’une communauté chrétienne selon Mgr Rouet est que le lien avec l’Eglise soit maintenu.

Ici, il est important de s’entendre sur le concept d’Eglise car n’a-t-il pas été question de l’Eglise jusqu’ici ? L’ecclesia, assemblée convoquée et rassemblée par l’appel de Dieu, n’est-elle pas présente dans les quatre critères développés ci-dessus ? Nous sommes Eglise, nous tous, et par notre baptême, nous sommes chacun et tous ensemble prêtres, prophètes et rois. Que signifie alors rester en lien avec l’Eglise ? S’agit-il de faire corps afin de donner une réalité à la présence du Christ quand nous sommes réunis en son nom ? Est-ce ainsi qu’il faut comprendre que l’eucharistie fait l’Eglise, que l’Eglise est communion, au sens de tâche commune (cum-unio) ? Faire Eglise signifierait alors œuvrer ensemble à la construction du royaume.

Concrètement, à quoi reconnaît-on qu’une communauté est en lien avec l’Eglise ? Il nous semble que cela signifie d’abord qu’elle soit reconnue par son évêque (l’épiscope, le surveillant), celui qui veille à ce que les choses se passent en conformité à l’Evangile, dans la diversité des charismes discernés, encouragés, évalués. Elle doit aussi être en lien avec d’autres communautés chrétiennes avec qui partager des expériences, des services ou des actions.

Symétriquement, la communauté reconnaît l’autorité de l’évêque et de ses représentants dans la mesure où ceux-ci n’ont d’autre souci que de la faire grandir (c’est le sens étymologique du mot autorité) dans la foi et la charité. Ils sont au service de la communauté pour aider chacun de ses membres à remplir la mission de son baptême dans la diversité des tâches et des dons, là où la vie les a placés dans un esprit de coresponsabilité et de service (application au fonctionnement de l’Eglise du principe démocratique de subsidiarité).

Cela suppose une réelle coresponsabilité entre ministères ordonnés et autres, entre femmes et hommes, en reconnaissant la diversité des ministères comme services qualifiés pour le bien de tous.

Ce bien de tous ne doit pas être défini par un seul, de haut en bas, mais doit faire l’objet d’un vrai débat dont l’enjeu n’est pas seulement la survie de l’Eglise dans notre société, mais la vie en abondance des chrétiens.

Démocratie dans l'Eglise (D?mocratie dans l)


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