Solidarité avec les immigrés
Eugène Rixen
Cet article n'a pas été publié dans une de nos revues
A l'occasion de la venue en Belgique d'un prêtre belge de son diocèse, Mgr. Rixen, évêque de Goias au Brésil, entend divulguer une importante prise de position de la Conférence Episcopale brésilienne au sujet de la situation des immigrés vivant chez nous.
Paul WAFFLARD, prêtre liégeois vivant dans le diocèse de Goias au Brésil, est en vacances actuellement en Belgique. Il se fait le messager de Mgr. Eugène RIXEN, originaire également du diocèse de Liège, actuellement évêque de Goias au Brésil, porteur d'un important communiqué de sa part. Celui-ci expose la prise de position des évêques brésiliens au sujet de la situation des immigrés vivant sur le sol belge.
Voici le texte intégral de ce communiqué émanant de la Conférence nationale des évêques du Brésil suite à leur réunion du 19 au 21 août 2008, intitulé : « Solidarité avec les immigrés ».
Nous, les évêques du Conseil épiscopal Pastoral de la CNBB (Conférence Nationale des évêques du Brésil), voyons avec appréhension et sommes préoccupés de l'adoption, par des pays où affluent de nombreux groupes immigrés, de mesures qui offensent les principes fondamentaux des droits humains des immigres et de leurs familles.
Sans nier la complexité des questions liées à ce sujet, force est de constater que des mesures prises développent des sentiments xénophobes et renforcent la criminalisation de l'acte de migrer. De telles mesures sont un recul dans l'effort d'intégration des peuples pour la construction dune culture de la paix. L'accueil des diversités culturelles, religieuses et sociales est la condition fondamentale pour établir la justice et la paix.
Les mouvements migratoires sont des facteurs du développement humain et social. Le migrant apporte au pays qu´il choisit comme seconde patrie sa force de travail, la richesse de sa culture, ses valeurs et sa religion. Pour lui, dans l´espérance de nouveaux horizons, « la patrie est la terre qui lui donne le pain » (Scalabrini, 1898). A la recherche de dignes conditions de vie, se déplacent dans un monde globalisé et inégalitaire, des millions de migrants en direction de pays plus développés. De nombreux pays ne peuvent nier l´importance des immigrés qui contribuent à leur économie comme main d´oeuvre dans des secteurs spécifiques du marché du travail.
Ces régions qui aujourd´hui réduisent l´entrée des migrants sont les mêmes qui, il y a peu de temps, assistèrent à une émigration en masse de leurs citoyens qui en arrivant ici au Brésil furent accueillis et progressivement s´intégrèrent à la société locale, contribuant à la construction de l´identité et de la culture nationales.
Les valeurs humaines et chrétiennes de la solidarité et de la fraternité ont priorité sur les lois de l´économie et du marché. Dans le contexte mondial actuel, les pays doivent trouver des formes adéquates et justes pour accueillir l´étranger en intégrant l´immigré comme acteur d´un nouveau moment pour l´humanité. En même temps, les pays à l'origine des flux migratoires doivent promouvoir et être capables d'offrir des conditions dignes de vie et des perspectives d'avenir à ses citoyens.
Nous répudions les mesures qui criminalisent les migrants. Bien des fois, leur traitement est injuste et humiliant, les conduisant à être détenus ou emprisonnés, entrainant la perte de leur logement, de leur emploi, à être séparés de leur conjoint et de leurs enfants. La honte de l'expulsion peut être telle qu'elle l'empêche de retourner dans sa propre famille d'origine.
Nous manifestons notre solidarité à tous les migrants, aux Brésiliens et Brésiliennes vivant à l'étranger et de manière toute particulière à ceux et celles qui se trouvent en situation très vulnérables, rencontrant des difficultés pour obtenir leurs documents de permanence, vivant et travaillant en situation d'insécurité, de risque et de peur.
Nous en appelons aux pays et à la communauté internationale afin qu'ils prennent les mesures nécessaires pour que cessent les guerres, la faim et la misère, et éliminent les inégalités sociales en adoptant « une politique migratoire qui prenne en considération les droits des personnes en mobilité. » (5e Conférence Ecclésiale d'Amérique Latine - Celam - Document d'Aparecida n° 414). Rappelant la parole du Seigneur « J'étais un étranger et vous m'avez reçu dans votre maison » (Mt 25,35), nous prions pour que soient prévalues la solidarité basée sur les principes de la dignité de la personne, la protection des droits humains et la fraternité universelle.
Eugène Rixen - Br?sil)
Notes :
Le document porte les signatures de :
- Dom Geraldo Lyrio Rocha, Archevêque de Mariana, Président de la Conférence
Nationale des Evêques du Brésil
- Dom Luiz Soares Vieira, Achevêque de Manaus, Vice-Président de la Conférence
Nationale des Evêques du Brésil
- Dom Dimas Lara Barbosa, Evêque Auxiliaire de Rio de Janeiro, Secrétaire Général
de la Conférence Nationale des Evêques du Brésil.
retourner dans l'article