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Interdire ou non le foulard dans les écoles ?

Philippe de Briey
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Sujet difficile que « ce morceau de tissu », tant il est complexe, multidimensionnel… et surtout passionné ! Je tenterai donc de parcourir ici quelques positions récentes. Il est très important d’écouter attentivement tous les points de vue, ceux des partisans de l’interdiction, ceux qui sont contre, et enfin les points de vue musulmans, qui nous atteignent plus difficilement.

I.       PARTISANS DE L’INTERDICTION

Selon Nadia GEERTS, initiatrice du « RAPPEL » (Réseau d’actions pour la promotion d’un Etat laïque), le foulard n’est pas vraiment une obligation coranique. «Le voile ne se réduit pas à un signe religieux, et encore moins à un "simple bout de tissu". Il véhicule une conception bien précise de la femme (et parfois de la fillette) et de ses rapports avec l’autre sexe : derrière le voile, ce sont l’assignation à une décence rigidement codifiée pour les filles et le soupçon de lubricité pour les garçons, qui se profilent, mettant à mal le climat de confiance de principe qui devrait sous-tendre les relations humaines dans le cadre scolaire. Il véhicule également une conception du monde dans laquelle le religieux est premier, et le temporel second. L’exact contraire de ce qui constitue le fondement même de nos démocraties » (dont les règles ne peuvent être soumises à des préceptes divins) (La Libre Belgique en ligne le 15-9-09).

Selon Madame HEREMANS, directrice de l’Athénée d’Anvers qui a décidé d’interdire le foulard dès l’an prochain, « plus qu’une affaire de religion, il s’agit à présent d’une affaire politique ». elle dit en effet avoir constaté une réelle radicalisation, avec des pressions de plus en plus fortes sur les élèves non voilées ». elle doit faire face aussi à des exigences de plus en plus nombreuses de la part de groupes qui militent pour « la remise en cause de certains cours, des excursions, … de réunions de parents mixtes. ». Madame D. PLASMAN, secrétaire générale des Femmes Prévoyantes Socialistes conclut : « en tant que mouvement féministe, progressiste et laïque, nous pensons qu’il est indispensable de lutter contre les dérives intolérantes dont le voile n’est bien souvent qu’un instrument ». « L’école est un lieu d’émancipation par le savoir, la réflexion et le questionnement…S’y présenter en affirmant par un signe ostensible que l’on possède déjà toutes les réponses est donc contraire à la mission de base de l’enseignement. Si on l’a, cette croyance doit être gardée dans l’intimité de son cœur ». « Seul un geste politique fort peut répondre aux attaques, politiques elles aussi, qui sont menées contre la laïcité et le vivre ensemble » (Le Soir, Forum,11-9-09).

Les tensions croissantes sur le terrain, et la multiplication des recours en Justice ont incité le Centre d’action laïque (CAL) à revenir sur sa position prise en 2004. Insistant sur « la liberté de conscience » des élèves, le CAL ne préconisait d’interdiction que dans les écoles qui seraient confrontées à des manifestations « abusives » ou « prosélytiques » de confession religieuse. Deux éléments ont convaincu le CAL de réorienter sa politique : « Les témoignages qui remontent des écoles, d’abord, qui font de plus en plus état du harcèlement que subissent certaines jeunes filles musulmanes, quand elles ne portent pas le foulard islamique… qui est clairement devenu un instrument de prosélytisme,et est instrumentalisé par certains imams et les milieux conservateurs », avance Pierre GALAND qui appelle les décideurs politiques à « trouver une formule qui permette d’appliquer une norme générale, y compris dans les écoles du réseau libre, qui sont subsidiées par l’État. ».

Précisant sa position dans sa déclaration officielle du 18 sept., le CAL se dit motivé par « l’indifférence grandissante face au retour des institutions religieuses, alors qu’à l’intérieur de celles-ci, certains courants se radicalisent… Pendant que nous débattons du port du voile dans les écoles belges, les lobbys religieux, eux, s’activent dans les coulisses du Parlement européen » Le CAL « tient à préserver l’intégrité des élèves, tant physique que morale, et à leur offrir un cadre éducatif délivré de toute tentation prosélyte… Il condamne le communautarisme exacerbé qui, au-delà du vécu culturel commun, enferme les individus dans un carcan... Le CAL demande qu’un décret garantisse que l’école ne puisse être le champ clos des particularismes quels qu’ils soient et qu’en conséquence, les signes distinctifs, religieux ou partisans en soient exclus à l’égard de toutes et tous sans discrimination ».

II.    ADVERSAIRES DE L’INTERDICTION

Quels sont les arguments de ceux qui contestent  la position de l’interdiction ?

Pour Mme Zoé GENOT (Députée fédérale Ecolo) et Mme WILLAME-BOONEN (Présidente du Conseil des femmes francophones de Belgique), il faut laisser aux gens et surtout aux femmes  leur liberté, leur droit à l’expression. « Si le terrain est aussi propice au développement d’un certain islam extrémiste, certains ne voient plus que lui, au point d’en perdre la mesure. Ceux qui se préoccupent de ce danger feraient beaucoup mieux de s’intéresser aux causes sociales qui rendent ces populations tellement vulnérables. Et de se mettre vraiment à leur écoute, notamment des femmes, au lieu de partir en croisade contre elles. On ne construira pas une société émancipatrice, tolérante et attentive aux droits humains si on interdit aux femmes de prendre leur destin en main et si on s’obstine à vouloir décider pour elles ». Et de proposer « des accommodements raisonnables, en dialoguant et adaptant, mais aussi en mettant les limites quand les droits demandés mettent en danger les droits des autres ». (Le Soir, 20-8-09)

Du côté néerlandophone, pour l’ex-ministre sp.a Bert ANCIAUX, « l’interdiction est perçue par de nombreux musulmans comme un signe explicite d’exclusion et de mépris qui alimente l'extrémisme et l'intolérance et agit efficacement contre les forces démocratiques au sein de l'islam en Flandre ». « Je pensais et j'espérais vivre dans une communauté qui s'accommodait de la diversité comme d'une richesse... ». (Belga, 14-9-09)

Pour Nadine ROSSO, « Plutôt que d’interdire les signes des convictions philosophiques ou religieuses, ne faudrait-il pas encourager les jeunes à exprimer la diversité de leurs convictions comme de leurs doutes ? N’est-ce pas ainsi qu’il faut interpréter l’article 24 de notre constitution : « La communauté organise un enseignement qui est neutre. La neutralité implique notamment le respect des conceptions philosophiques, idéologiques ou religieuses des parents et des élèves » ? La neutralité ne se réalise pas par des interdits mais par la diversité des convictions et le respect des individus ».

« Les enseignants sont débordés par la situation dans les écoles, c’est vrai. L’avenir que notre société réserve à nos enfants est le principal problème à résoudre et les enseignants le savent très bien. Ajouter une série d’interdits dans une telle pétaudière ne résoudra rien au problème, il ne fera que l’aggraver. Il serait bien plus utile de revendiquer plus d’enseignants, plus d’éducateurs, plus de temps pour la réflexion et l’échange pédagogiques notamment ».

« Des féministes s’en prennent au foulard au nom de la libération de la femme. Mais peut-on libérer les gens malgré eux et, de plus, en leur retirant un droit ? Des athées mènent le combat contre le foulard au nom de la lutte contre la religion. Mais on ne fait pas reculer la religiosité des gens en leur interdisant de manifester leur culte. Je crains qu’on obtiendra ainsi le résultat contraire et c’est compréhensible ».

« Nous les athées libre-exaministes, sommes-nous incapables d’émettre une hypothèse que c’est peut-être la foi qui a aidé ces jeunes filles à vaincre tous les obstacles sur le chemin de leur émancipation? Et si cette foi-là implique le port du foulard, en quoi cela nous regarde-t-il ? Cet interdit supplémentaire ne fera que creuser le fossé entre professeurs et élèves ». [2]

Pour le psychologue de la religion Vassilis SAROGLOU, (UCL), « plusieurs études en Europe convergent sur le fait que : – dans la population en général, l’hostilité face au voile traduit principalement la xénophobie et le racisme subtil et non pas le souci de défendre les valeurs d’égalité et d’autonomie. Les études menées dans notre laboratoire ont montré que :

-         Islamophobie, arabophobie, racisme, et antisémitisme vont souvent de pair ;

-         L’hostilité face au voile ou turban peut se traduire par des actes de discrimination et d’exclusion et même (étude en laboratoire) par une plus grande propension de tirer carrément son «pistolet» (expérimental) sur la tête d’un arabe avec turban que sur la tête d’un arabe sans turban.

Mentionnons encore le point de vue de Jean-François NANDRIN dans La Libre du 15-9-09, qui se demande si « l’exposition maximum des corps et la sexualisation de notre société sont au bénéfice du respect des femmes… Sans le vouloir, l’islam n’a pas tort », écrit-il. « La situation mériterait qu’on s’y arrête longuement, car les ados de toutes origines se plient à nouveau de plus en plus aux schémas sexistes importés… C’est pourquoi il craint que l’interdiction du voile ne renforce le sentiment dans la communauté musulmane d’être agressée par une société trop permissive. « Et on voilera plus fermement, avec le sentiment de protéger en bon père de famille et d’imposer une société meilleure ».

Dans le milieu catholique.

Certaines écoles catholiques constatent  également une radicalisation des élèves et des professeurs musulmans. Du fait que seulement 10 ou 15% de ces écoles admettent le foulard, c’est là que se rassemblent souvent les filles les plus déterminées ou pointilleuses sur cette obligation. Ces écoles peuvent alors devenir des ghettos dont les autres familles s’écartent.

Dans le journal Dimanche n° 33 du 20-9-09, le P. Charles DELHEZ prend nettement position dans son éditorial intitulé : « Islam et islamisme. Qui mène qui ? ». A ses yeux, « le voile peut sans doute s’inscrire dans la même dynamique que la burqa. (...)  Je ne peux m’empêcher de faire l’hypothèse d’une récupération par un mouvement plus vaste et d’une instrumentalisation par l’islamisme. Ce dernier n’est pas religieux, mais politique et idéologique. Et il peut se servir de l’islam comme cheval de Troie ».

Les évêques ne se sont pas exprimés, mais il est peu probable qu’ils soient partisans d’une interdiction absolue des signes religieux dans l’espace public, y compris dans l’enseignement subsidié.

Le Segec ne s’est pas encore prononcé. Espérons qu’il ne le fasse pas dans l’urgence comme le CAL, et qu’il procède à une large consultation dans tous les milieux, y compris musulmans.

III.  LES POINTS DE VUE DES MUSULMANS

Soulignons tout d’abord qu’un certain nombre de musulmanes ne portent pas le foulard et qu’une partie d’entre elles ne verraient sans doute pas d’un mauvais œil une interdiction générale, mais on trouve peu de prises de position publiques dans ce sens, qui risqueraient d’être mal vues par leur communauté et surtout par des extrémistes violents.

-         Les adversaires du voile ont coutume d’affirmer que le voile n’est pas une obligation coranique. Les versets XXIV, 31 et XXXIII, 59 semblent pourtant le recommander, mais il y a discussion sur le sens exact de ces versets et s’il faut ou non le considérer comme partie intégrante et obligatoire de l’islam aujourd'hui. Quoi qu’il en soit, le fait est que la majorité des musulmanes qui le portent y voient un précepte divin visant à protéger les femmes de la concupiscence des hommes. [3]

-         Ils ne sont nullement, pour autant, partisans de la burqa afghane ou du niqab saoudien, voiles intégraux qui ne laissent même pas apparaître le visage. Insinuer qu’on passera bientôt du foulard à la burqa est donc totalement erroné et reçu comme un argument occidental malhonnête pour dénigrer le voile en toutes circonstances et répandre la peur. Dans un dossier très documenté de la revue « Foi et sagesse » (n° 32, sept.2009), Jacques Willemart cite même le quotidien saoudien El Watan qui s’en prend à la « coutume bédouine tribale chauvine » de la burqa ou du niqab: « S’il s’agissait bien d’une variante du hijab (foulard) islamique, pourquoi une femme n’a-t-elle pas le droit de porter le niqab ou des gants pendant le pèlerinage ? ». Le journal Al-Ahram d’Egypte affirme : « Le président français Sarkozy a tout à fait raison de refuser le niqab,… parce que ce n’est pas un symbole religieux, mais un symbole de soumission… le niqab n’est le bienvenu dans aucun pays qui respecte les femmes ».

-         L’interdiction du voile à l’école est perçu par la majorité des musulmans comme un acte raciste et une volonté d’extirper toute référence religieuse. La Fédération des associations marocaines de Flandre a condamné avec force la décision d’interdire le voile qu’elle voit comme une « légalisation de la discrimination » : « Cela va accélérer la ségrégation dans notre société. Les querelles ne seront réglées que par des actions juridiques et pas par le dialogue et la concertation » (12-9-09).  Karim HASSOUN, président de la Ligue arabe européenne a annoncé que les premières écoles musulmanes ne seraient qu’une question de temps : « ceux qui pensent que nous ne pouvons pas le faire se trompent. Les projets existent depuis longtemps et la volonté au sein de la communauté grandit fortement en raison de cette interdiction. Si nous parvenons à gérer soixante mosquées à Anvers, on doit y arriver avec une école » (11-9-09).

-         C’est une erreur de penser que le voile n’est que le fait de femmes ignorantes ou arriérées ou soumises au monde des hommes ou manipulées par les intégristes. Ceux et celles qui ont l’occasion de connaître des femmes voilées le savent parfaitement. Le journaliste algérien BEN SALAMA montre bien dans son livre “Au nom de l’islam, enquête sur une religion instrumentalisée » qu’ « un mouvement féministe est en train d’émerger chez des femmes voilées qui revendiquent l’égalité des droits avec les hommes » et deviennent de plus en plus présentes dans le domaine religieux où elles présentent de nouvelles interprétations des textes et des codes religieux qui influent sur leur vie.  [4]  Shirin EBADI, qui a reçu le prix Nobel de la Paix en récompense de son combat pour la liberté des femmes en Iran, l’a affirmé avec force à Paris : « L’école est un lieu d’émancipation pour les femmes et je défends la liberté de s’habiller comme on l’entend… Si on les chasse pour raisons vestimentaires, les fondamentalistes auront gagné le combat ! Et on aura bafoué les principes des droits de l’homme et de l’égalité ».   Et au journal allemand Der Spiegel : « Même si nous sommes convaincus qu’il faut une séparation complète de l’Etat et de la religion, nous devons comprendre que la tenue vestimentaire est une décision très personnelle. Ce sont les opinions des gens qui importent » (8-9-03). [5]

-         Chroniqueuse au journal Le Soir, Nadia FADIL, sociologue bien connue en Flandre (et non voilée), chercheuse FNRS de la KUL sur les questions interculturelles, déplore l’envahissement des médias par « d’alarmants reportages… sur la situation « intenable » du corps enseignant …Les images d’anxiété collective concernant « l’islam » sont injectées à forte dose et les musulmans se voient à nouveau confirmés dans leur rôle de l’Autre » (17-9-09). Pour elle, on éclipse ainsi les vrais problèmes (de discrimination, de décrochage scolaire…) tout autant que la voix des filles voilées. « la société interculturelle pose la question de comment créer un ‘vivre ensemble’ à travers les diversités. Tel doit être le point de départ ; sinon, on construit une autre société… Dans ce cadre, le rôle de l’école, c’est d’essayer d’armer les jeunes, de les préparer à la société de demain. Ce n’est pas en imposant une uniformité à l’école qu’ils ne seront plus confrontés à la diversité en dehors de l’école. Il faut au contraire créer une cohésion sociale en reconnaissant les gens dans leurs particularités ». (11-9-09, p.18).

-         Terminons par la déclaration de six intellectuels musulmans dans Le Soir du 30-4-09. Après avoir rappelé que le gouvernement présidé par Hervé Hasquin avait envisagé une formule d’autorisation généralisée, ils proposent un projet d’arrêté qui s’en inspire et qui stipule des limites claires pour empêcher tout prosélytisme ou intolérance de la part des élèves voilées sur les autres ou tout prétexte à remettre en cause des dispositions scolaires.

EN GUISE DE CONCLUSION

Tentons de résumer les arguments des uns et des autres :

1. Les arguments pour l’interdiction.

-         Les arguments pour  l’interdiction générale semblent repris surtout par les milieux « laïques » (y compris ceux d’origine musulmane). A leurs yeux, le voile véhicule une conception de la vie où la religion est première et régit le comportement des individus. Ceci leur apparaît comme un asservissement inacceptable de la femme à la religion et au diktat des hommes, une régression grave de notre société. La foi, à leurs yeux, doit être gardée dans l’intime du cœur, elle n’a pas à s’afficher dans « l’espace public », en particulier à l’école qui doit être un lieu absolument neutre, dans le sens de : sans couleur religieuse.

-         Ces milieux sont d’autant plus alarmés aujourd'hui qu’ils ressentent une poussée en avant des religions dans l’espace public, et en particulier de l’islam et surtout de l’intégrisme islamique. Ils considèrent que le port du voile renforce les tendances au prosélytisme et aux pressions psychologiques sur les musulmanes non voilées, ainsi qu’à des refus de certains cours pour cause de religion etc.

-         Dans le réseau catholique, les avis sont probablement hésitants et plus nuancés, car on y est plus sensible à la liberté d’expression religieuse. Mais il y a un malaise grandissant par rapport à l’instrumentalisation qui en est faite par l’islamisme radical. Il est temps d’arrêter cela, estiment certains.

2. Les arguments contre l’interdiction

-     Dans les deux réseaux et dans les partis politiques, un certain nombre de personnes sont contre un décret d’interdiction générale (certains même sont pour une autorisation générale). Ils rejoignent le point de vue majoritaire de la communauté musulmane.

-     Leurs arguments sont : le respect de la religion, le respect de la liberté individuelle, en particulier de la femme. La neutralité doit être une neutralité dans la diversité, qui accepte les différences, du moment qu’elles ne nuisent pas à autrui ou à l’institution.

-         A leurs yeux, un décret d’interdiction générale ne résoudra pas les problèmes de prosélytisme et de contestation de certains cours. L’école est justement le lieu où les élèves peuvent apprendre à respecter les différences culturelles ou religieuses, ce qui suppose de ne pas les interdire.

-         Ils soulignent qu’une interdiction générale sera perçue par les communautés musulmanes comme de l’islamophobie et même du racisme, comme le contraire même des valeurs démocratiques de tolérance dont se targue l’Occident. Elle donnerait donc des arguments très forts aux extrémistes qui la qualifieront d’agression délibérée contre l’islam et ses valeurs de pudeur et d’obéissance à la volonté divine révélée à Mohammed.

-         Un tel décret provoquerait en outre, comme en Flandre, la décision des religieux de créer des écoles islamiques.

A chacun de juger. Il reste à souhaiter que les arguments des uns et des autres soient bien pesés au cours des Assises de l’interculturalité qui se termineront en janvier prochain et qu’un débat aussi serein que possible puisse avoir lieu, en dialogue avec toutes les personnes de terrain et les communautés musulmanes, et surtout les jeunes.

Si je peux avancer ma conclusion personnelle, c’est qu’il faudrait bien peser quel est le moindre mal. Cette question du foulard est typique de la difficulté de l’interculturalité. Comprendre et accepter une culture tellement différente est un très grand défi, pour nous comme pour les minorités. Si on ne relève pas ce défi, si on se réfugie dans un durcissement du genre : « Vous êtes venus chez nous, acceptez donc toutes nos manières de vivre et de penser, ou bien retournez chez vous », alors on est parti pour des affrontements sans fin. On ne peut pas tout accepter, des limites doivent être posées avec fermeté, mais certains accommodements me semblent plus raisonnables que d’en refuser même le principe.

Philippe de Briey, le 20 septembre 2009.

Philippe de Briey

Notes :
[2]  extraits de son article dans l’ouvrage « Du bon usage de la laïcité », éd. Aden, Bruxelles, 2008.
[3]  Il convient de savoir que les juifs orthodoxes restent partisans du port de la kippa et de la perruque imposée aux femmes pour cacher leur chevelure. Beaucoup de religions ont de tout temps imposé aux femmes de cacher celle-ci en public.
[4]  Éd. de l’Atelier, 2009, p.154.
[5]  A lire : Iranienne et libre. Mon combat pour la justice, Paris, La Découverte, 2006.



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